Deux hommes ont été jugés devant la cour d'assises des Bouches du Rhône, à Aix-en-Provence, dans le cadre de l'assassinat d'Yves Manunta, ex-dirigeant nationaliste corse abattu en 2012 à Ajaccio. Nizar Feddaoui a été condamné vendredi à 15 ans de prison, son co-accusé à 30 mois. 

Nizar Feddaoui est accusé d'avoir, le 9 juillet 2012 à Ajaccio, assassiné par balles Yves Manunta alors qu'il regagnait son domicile à scooter. A ses côtés, un autre accusé, comparaissait pour les délits d'association de malfaiteurs en vue de commettre un assassinat et recel d'un scooter. 

Lors du septième jour du procès à la cour d'assises d'Aix-en-Provence le vendredi 24 juin, Nizar Feddaoui a été condamné à 15 ans de prison pour avoir brûlé en bande organisée le véhicule qui a servi aux meurtriers d'Yves Manunta. Il n'a pas été reconnu coupable de l'assassinat.

Son co-accusé a quant à lui été condamné à 30 mois de prison recel d'un scooter. Il a été relaxé pour association de malfaiteurs. 

Des peines inférieures aux réquisitions de l'avocat général

Lors du 6ème du procès à la cour d'assises des Bouches du Rhône, l'avocat général Olivier Couvignou s'était attaché à lister les unes après les autres ce qu'il appelle les "vérités précises" du dossier.

"Ce qui est imparable, Mr Feddaoui c'est que vous êtes sur les lieux de l'assassinat au carrefour entre le 9mm et le fusil à pompe. Vous reconnaissez aujourd'hui avoir brûlé la voiture, après 4 ans d'instruction et plusieurs versions différentes. Vous êtes le soldat discipliné, un voyou professionnel. Le crime peut être une façon de trouver sa place" a-t-il indiqué. 30 ans de prison avaient été requis à l'encontre de Nizar Feddaoui.

L'avocat général estime que le co-accusé "donne une version surréaliste pour expliquer la présence de l'ADN sur le scooter volé retrouvé près du véhicule incendié". Ce que confirme le propriétaire du scooter du début à la fin.

Olivier Couvignou conclut que le co-accusé a été le dépositaire d'un véhicule qui va servir à un assassinat et requiert 10 ans de prison à son encontre. Paul Sollacaro et Eric Dupont Moretti, ses défenseurs, avaient demandé l'acquittement.

"Comment peut-on croire au pseudo repenti Claude Chossat, le Frankenstein de la Jirs. Avez-vous trouvé des éléments pour prouver [que mon client] a filé le scooter à quelqu'un ?" interroge Eric Dupont Moretti. 
 

"Les commanditaires sont les jumeaux Pantalacci"

Claude Chossat, mis en examen dans trois dossiers criminels et souvent considéré comme un repenti, statut qu'il n'a jamais eu, a été entendu en visioconférence mercredi lors du cinquième jour du procès. Un fait rare. Il a déclaré que "l'assassinat d'Yves Manunta a été préparé à la prison d'Ajaccio et que les commanditaires sont les jumeaux Pantalacci". Ces derniers ont été mis en examen dans la tentative d'assassinat qui a visé Yves Manunta, son épouse et sa fillette le 8 novembre 2011.

"Lorsque j'étais en prison, les jumeaux Pantalacci considéraient que j'étais l'ami de Jean-Bernard Leca. Pour eux, c'était l'homme qui avait tenté de monter un projet pour tuer leur père et Yves Manunta, selon eux, était le commanditaire" ajoute Claude Chossat.

Face à ces déclarations, les avocats de la défense crient à la rumeur et aux mensonges. 

Le reportage de Marie-Françoise Stefani et Franck Rombaldi :

Deux hommes sont jugés devant la cour d'assises des Bouches du Rhône, à Aix-en-Provence, dans le cadre de l'assassinat d'Yves Manunta, ex-dirigeant nationaliste corse abattu en 2012 à Ajaccio. Entendu ce mercredi, Claude Chossat a déclaré que les commanditaires étaient les jumeaux Pantalacci. ©Le reportage de Marie-Françoise Stefani et Franck Rombaldi


Intervenants :

 

  • Me Delphine Calmettes, Avocate d'Yves Manunta et Claude Chossat
  • Me Frédéric Monneret, Avocat de Nizar Feddaoui

 

Nizar Feddaoui s'est-il fabriqué un alibi ?

Lors du troisième jour de procès ce lundi 20 juin aux assises de assises d'Aix-en-Provence, la Cour a entendu plusieurs témoins soupçonnés d'avoir fourni un alibi à Nizar Feddaoui. 

Le 9 juillet 2012, ce dernier est convoqué à un stage de récupération de points pour permis de conduire mais envoie un des ses amis le passer à sa place. Me Delphine Calmettes, avocate de la partie civile, indique que "le témoin qui l'a remplacé au stage de points précise que cela faisait plusieurs jours que Nizar Feddaoui le recherchait pour se faire remplacer au stage. C'était donc avant qu'il soit contacté pour brûler la voiture utilisée par les tireurs". 

Nizar Feddaoui assure qu'il ne s'est jamais fabriqué un alibi. "Lorsqu'il a été contacté deux jours avant les faits pour donner son accord sur l'incendie du véhicule on lui a demandé de se trouver sur les lieux entre 16h et 18h. Donc il lui était impossible de participer au stage de récupération. C'est la raison pour laquelle, la veille de ce stage, je dis bien la veille, il a eu recours aux services d'une tierce personne" répond Me Camille Romani, avocat de Nizar Feddaoui.

 

 

 

Face à face entre la famille de la victime et l'accusé

Lors du deuxième jour du procès vendredi, Nizar Feddaoui a donné quelques précisions sur l'incendie du véhicule qui a été utilisé par les meurtriers. "On m'a demandé d'être là entre 16 et 18h" a précisé l'accusé. 

Suite à cette déclaration, un face à face intense entre la famille d'Yves Manunta et Nizar Feddaoui a eu lieu. 

Stéphane Manunta, le fils de la victime, a demandé au président de s'adresser directement à l'accusé. Les yeux dans les yeux, il a lancé à Nizar Feddaoui "tu es décris comme quelqu'un de courageux mais tu es l'esclave qui a commis le sale boulot. Si tu as des principes, dit à ma mère pour qui tu l'as fait". 

"J'ai fait l'esclave, j'ai brûlé la voiture mais je n'ai pas tué ton père" a répondu Nizar Feddaoui.

 

 

 

 

"Je suis venu incendier la voiture"

A l'ouverture du procès à Aix-en-Provence jeudi, Nizar Feddaoui et son co-accusé ont nié toute participation à ce crime: "J'ai pas commis cet assassinat, j'ai commis une seule chose (...) c'est la voiture, je suis venu incendier la voiture", a déclaré Feddaoui, chemise bleu pâle et cheveux brun ramassés en queue de cheval.

Il avait été interpellé par la police après une brève course-poursuite à pied, à quelques centaines de mètres du lieu du crime, près d'une résidence où se trouvait un utilitaire incendié qui a servi, selon les enquêteurs, à commettre les faits.

Résumé de la 1ère journée d'audience, Marie-Françoise Stefani Franck Rombaldi

Le meurtrier présumé d'Yves Manunta, ex-dirigeant nationaliste corse abattu en 2012 à Ajaccio, est jugé aux côtés d'un complice présumé à partir de ce jeudi devant la cour d'assises des Bouches du Rhône, à Aix-en-Provence. ©France 3 Corse ViaStella

Intervenants : Me Emmanuel Molina, avocat de la partie civile; Me Camille Romani, avocat de Nizar Feddaoui 

Plusieurs armes, dont certaines de calibres correspondant à ceux du meurtre, ont été retrouvées dans le véhicule.

Lors de son arrestation, quelques minutes seulement après les faits, Feddaoui présentait d'importantes brûlures sur tout le corps et portait une seule chaussure.

Il avait déclaré aux policiers qui l'ont interpellé et aux pompiers qui l'ont ensuite pris en charge avoir "fait une connerie" et être "dans la merde: on m'a braqué et obligé à brûler un fourgon".

Par la suite, il avait refusé de s'expliquer devant les enquêteurs et le magistrat instructeur, affirmant seulement s'être rendu sur les lieux pour récupérer une moto et être tombé par hasard à proximité du véhicule en flammes.

Aller plus loin : Le rappel des faits de Marie-Françoise Stefani

 

Le meurtrier présumé d'Yves Manunta, ex-dirigeant nationaliste corse abattu en 2012 à Ajaccio, est jugé à Aix en Provence à partir de ce jeudi, aux côtés d'un complice présumé ©France 3 Corse ViaStella

Intervenants : Angele Manunta, épouse de la victime (partie civile); Me Camille Romani, avocat de Nizar Feddaoui

 

 

 

 

 

Guerre des clans

Feddaoui et son co-accusé sont décrits par l'enquête comme des proches des Pantalacci, en conflit avec Yves Manunta, notamment au sujet des affaires de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS).

Cette entreprise de sécurité, fondée en 2000 par Antoine Nivaggioni – assassiné le 18 octobre 2010 - et Yves Manunta avait fait l'objet de nombreuses malversations, qui ont valu à Francis Pantalacci deux ans de prison, dont un avec sursis, tandis qu'Yves Manunta bénéficiait d'une relaxe.

Lors des investigations, le fils d'Yves Manunta expliquait aux enquêteurs que son père se sentait menacé et "faisait preuve d'une extrême prudence" en raison des affaires de la SMS.

Yves Manunta avait été victime d'une tentative de règlement de comptes le 8 novembre 2011, dans laquelle sa femme et sa fille alors âgée 11 ans, avaient été blessées.

Deux des fils de Francis Pantalacci, des jumeaux sont renvoyés devant les assises pour ces faits. 

 

 

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