Fondées en 2005, les rencontres corses en ORL et chirurgie cervico-faciale se sont tenues au Palais des congrès d'Ajaccio, ces 16 et 17 juin et ont rassemblé plus de 700 professionnels. Entretien avec Frédéric Braccini, médecin ORL et l'un des fondateurs de l'événement.
Quel est le but de ce congrès ?
Ce congrès a deux grands piliers d’organisation celui de l’ORL et celui de la chirurgie et de la médecine esthétique du visage. Autour de ces thématiques, on a développé des conférences sur les quatre salles du palais des congrès, ainsi que des ateliers.
L’ADN du congrès, c’est à la fois la convivialité que nous permet d’obtenir la Corse et également un niveau scientifique très élevé puisqu’on a parmi les orateurs et les enseignants la plupart des professeurs d’université en ORL, la plupart des grands praticiens français en esthétique. Cette année, on a eu un virage qui s’est opéré avec le développement de partenaires euro-méditerranéens. Des orateurs sont venus de Belgique, de Suisse, d’Espagne, d’Italie, tous francophones. L’ambition de ce congrès, c’est de continuer son développement et de se tourner aussi vers l’euro-méditerranée.
Ce congrès ne s’adresse donc qu’aux professionnels ?
Ce n’est que pour les médecins, mais avec une énorme transversalité. Vous avez beaucoup de spécialités, on a les ORL, les ophtalmos, les dermatos, les médecins, les chirurgiens esthétiques. Depuis deux ans, on a même un partenariat avec un groupe sur la toxine botulique, en rééducation fonctionnelle, en gynécologie, en toutes les pathologies ostéo articulaires.
On a énormément de spécialités qui se retrouvent sur ce congrès et qui va encore se développer parce que l’année prochaine, on va probablement adosser à ce congrès deux autres gros congrès : celui d’implantologie dentaire et de pathologie des sinus et un celui d’ophtalmologie. Donc on va encore grossir, cette année, on était 700, mais l’année prochaine, on sera probablement plus de 1.000 participants.
Pourquoi avoir choisi la Corse ?
La Corse est une terre de tourisme, mais c’est aussi une terre de sciences. À titre personnel, étant d’origine corse, je suis extrêmement heureux et fier de pouvoir amener autant d’activité à la fois scientifiques, économiques sur l’île. Là du vendredi au dimanche, on a saturé tous les hôtels, tous les services de transports, les restaurants. On a apporté une économie parallèle considérable. Quand vous avez 1.000 personnes qui arrivent sur l’île sur deux jours, c’est fabuleux.
Quand on a commencé ce congrès, on était 50 et puis parce que je suis Corse, parce que je suis ORL, je l’ai développé. Ce qui fait le succès de ce congrès, c’est cette destination touristique unique qu’est la Corse. Il y a une convivialité qu’on retrouve dans aucun autre événement scientifique.
Et pourtant, il y a un manque d’ORL et de spécialistes qui est important dans l’île… Est-ce que cela fait partie des sujets sur lequel vous pouvez éventuellement échanger lors de ce congrès ?
Cette année, j’avais invité le ministre de la Santé pour que l’on parle aussi de ces pénuries, mais malheureusement, ils ne sont pas venus. Les thématiques que l’on développe dans le congrès sont des thématiques scientifiques pures.
On pourra certainement dans le futur ouvrir des tables rondes sur ces sujets-là, mais ce n’est pas l’objet d’un congrès scientifique. Mais de façon indirecte, ça fait découvrir la Corse à beaucoup de médecins qui arrivent du monde entier et peut-être que ça éveillera des intérêts d’installation à certains.
En plus du manque que nous venons d’évoquer, est-ce que l’on peut dire que la forte attente pour un rendez-vous ORL peut aussi être liée à la multiplication des activités comme la chirurgie esthétique ?
Vous soulevez un problème qui a une dimension supplémentaire qui est presque politique. Aujourd’hui le manque de médecins est le fait du nombre, il en manque bien sûr, mais quand on voit la manière dont les répartitions de charges, de fonctionnement des cabinets, sont exercées vous comprenez que la plupart des praticiens ne travaillent pas cinq jours, mais trois. Parce qu’ils sont épuisés, et même s’ils travaillent plus, ils ont tellement de charges qu’ils ne gagnent pas plus d’argent.
Il y a le problème de praticiens, mais aussi le problème du poids des charges de fonctionnement des cabinets médicaux en France pour la médecine en général. Si on allège le poids des charges, les médecins travailleront plus et mettront des plages de temps supplémentaires. S’ils font de l'esthétique, c’est aussi peut-être parce qu’ils ont besoin de survivre. Parce que la médecine traverse aujourd’hui quelque chose de compliqué. La problématique est beaucoup plus complexe que de se dire s’ils dont de l’esthétique, ils ne font pas de la médecine générale. Ce n’est pas aussi simple, il faut se dire pourquoi ils font de la médecine esthétique. C’est parce que la médecine générale n’est pas assez reconnue, rémunérée.