Entre les 20 et 24 janvier, Cyril Cereyon comparaît devant la cour d'Assises d'Ajaccio, accusé d'avoir violé Loriane S. en septembre 2017. L'homme, champion de kick-boxing catégorie poids lourd nie les faits qui lui sont reprochés.
Ce 13 septembre 2017, après une soirée passée avec des amis à l'Amirautée et un after à la résidence Corse Azur à Ajaccio, Loriane S. se sent trop malade pour rentrer.
Les festivités ont été très arrosées et la jeune femme n'est pas en état de se déplacer, elle décide donc de dormir dans l'appartement où le groupe a fini la nuit. Il est occupé par Cyril Cereyon et sa compagne.
Au réveil, Loriane S. dénonce immédiatement un viol : elle explique que Cyril Cereyron a abusé d'elle pendant qu'elle était en état d'ébriété et incapable de se défendre. Elle porte plainte l'après-midi même.
À la barre, à l'ouverture du procès le 20 janvier, l'accusé assure ne toujours pas comprendre pourquoi il comparaît devant une cour d'assises. Il n'a, dit-il, pas commis le crime dont on l'accuse.
La voix très basse et posée, il répond à toutes les questions, même les plus précises.
Au début de l'enquête, le suspect avait catégoriquement nié avoir eu un rapport sexuel avec la plaignante. Une version qui évoluera après que les analyses auront démontré la présence de son ADN dans les prélèvements effectués sur le corps de la jeune femme.
Confronté à cet élément matériel, Cyril Cereyon dira qu'il ne se souvient de rien, qu'il ne sait pas ce qu'il s'est passé.
A l'audience, l'enquête de personnalité brosse le portrait unanime d'un garçon doux, protecteur, respectueux, sportif accompli, couronné de trois titres de champion de Corse et de France de kick-boxing catégorie poids lourd.
Au premier rang de la salle, sur le banc de la partie civile, Loriane S. écoute ces paroles les yeux perdus.
"Un trouble post-traumatique caractéristique des viols"
L'audition de la jeune femme se tient le lendemain, dans une ambiance très tendue. Les deux avocates de la défense reprennent les contradictions et les hésitations de son témoignage.
Durant l'audience, sa parole est cependant renforcée par le rapport de la psychologue, entendue en visio-conférence.
Son expertise a notamment mis en évidence, au retour de ses vacances ajaccienne, "un trouble post-traumatique caractéristique des viols", selon la professionnelle qui parle "d'une détresse authentique". Les flashes par bribes qu'elle a exposés confusément sont aussi "le résultat de la dissociation éprouvée lors de ces agressions" d'autant que Loriane S avait déjà été victime, reconnue, d'une agression sexuelle quand elle avait 11 ans.
Appelée à témoigner en visio conférence, celle qui était la compagne de l'accusé au moment des faits, assure ne rien avoir entendu. Elle dormait pourtant dans un lit tout proche du canapé où la plaignante dit avoir été violée.
"On ne sait pas de quelle manière les faits auraient pu se produire de la manière dont ils sont décrits par la victime par rapport à la disposition même de la pièce. soutient Me Anna-Maria Sollacaro, avocate de la défense. Un canapé bien trop petit avec à proximité immédiate une table remplie de verres et de bouteilles qui dans un rapport non consenti ne connaît aucune chute d'objet, aucun cri, aucun geste, aucun bruit qui aurait pu alerter la compagne de Monsieur Cyril Cereyon qui dort à un mètre".
"Des flashs lui sont revenus"
C'est à l'accusé de clôturer ce second jour d'audience. Pendant deux heures, très calme, Cyril Cereyon est interrogé sur les faits. Pour la première fois, il dit avoir un souvenir, celui d'une relation sexuelle consentie.Une image, un flash lui revient de la soirée : il se serait levé pour aller aux toilettes, la plaignante l'aurait suivi. Il dit se voir assis sur une margelle de la salle-de-bain, Loriane S. assise sur lui.
"Mon client est honnête depuis le début de la procédure. Il a indiqué, au début, ne pas se souvenir. Ensuite, il a effectué un travail d'introspection très important et des flashes lui sont revenus. Ces derniers sont totalement concordants avec ce qui est décrit", estime Me Virginie Blondio Mondoloni, elle aussi avocate de la défense.
Des explications peu convaincantes selon la partie civile. "Tout au long de la journée, on a eu de nouveaux éléments qui étaient coordonnés avec des témoins qui viennent exactement dire de nouvelles choses, mais exactement les mêmes. Monsieur Cereyon a exactement fait la même chose, mais cela intervient très tardivement. C'est ce que nous avons fait remarquer à la cour d'Assises", rétorque Me Saveriu Felli.
Les débats doivent se terminer lundi 24 janvier avec les expertises psychologiques et psychiatriques de l'accusé et les plaidoiries.