Dans la cadre des discussions avec Paris sur l'avenir institutionnel de l'île, Jean Baggioni, Ange Santini et Paul Giacobbi livrent chacun leur point de vue face à notre caméra.
Autonomie, reconnaissance du peuple corse, statut de résident, pouvoir législatif, urbanisme, développement, moyens financiers... Autant de thèmes qui figurent au programme des discussions engagées récemment entre les élus insulaires et le ministre de l'Intérieur.
Si la réunion prévue en Corse les 6 et 7 octobre a été reportée, ce "processus sur l'avenir institutionnel de l'île pouvant aller jusqu'à l'autonomie" a néanmoins débuté cet été. Depuis, deux sessions ont été organisées place Beauvau, la dernière le 16 septembre.
Anciens présidents du Conseil exécutif de Corse, Jean Baggioni, Ange Santini et Paul Giacobbi restent des observateurs attentifs de ce nouveau processus de dialogue. Quel est leur point de vue concernant l'avenir institutionnel de l'île ? France 3 Corse ViaStella est allé leur poser la question.
Jean Baggioni (1992-2004) : "Adapter le statut"
En 1992, Jean Baggioni prend la tête du Conseil exécutif de Corse, organe né dans la foulée de l'instauration du statut Joxe et de la nouvelle Collectivité Territoriale de Corse.
Pour l'ancien élu de droite, ce statut a "certainement été un bénéfice et la Corse a vu ses horizons s'agrandir".
"Aujourd'hui, explique l'ancien maire de Ville-di-Pietrabugno, il y a sans aucun doute une adaptation du statut de la Corse à faire. Mais il y a adaptation et évolution institutionnelle. On emploie des termes dont on ne mesure pas l'importance et dont on ne dit pas ce qu'ils enferment."
Journalistes : P. Nannini - T. Urtizverea
Ange Santini (2004-2010) : "Définir les besoins pour la Corse"
Élu en 2004, Ange Santini succède à Jean Baggioni à l'Exécutif. Son arrivée coïncide avec le lancement de la première tranche du Plan exceptionnel d'investissement (PEI) pour la Corse. "Il a fallu se consacrer à cet exercice, indique le maire divers droite de Calvi qui rappelle que le mot autonomie "ne lui fait pas du tout peur".
"J'ai toujours considéré que l'autonomie n'était pas une fin en soi mais juste un moyen pour obtenir un objectif. La question est : qu'est-ce qu'on veut pour la Corse ? Définissons d'abord les besoins pour la Corse. Voyons s'il nous faut aller jusqu'à l'autonomie et quelle autonomie."
Journalistes : P. Nicolas - T. Urtizverea
Paul Giacobbi (2010-2015) : "L'autonomie est déjà là"
Paul Giacobbi s'assoit dans le fauteuil de président de l'Exécutif en mars 2010. Sous sa mandature, l'Assemblée a notamment adopté la co-officialité de la langue corse et le statut de résident, deux thèmes au coeur de la revendication nationaliste. "J'ai fait voter à une très large majorité, bien au-delà des nationalistes, des idées et des concepts qui sont de bon sens", souligne l'ancien député radical de gauche.
Favorable à une "forte décentralisation", il estime que l'autonomie "est déjà là largement", tout en rappelant qu'il avait "proposé un pouvoir législatif du temps des discussions avec Matignon", engagées à partir de décembre 1999.
Journalistes : P. Nannini - T. Urtizverea