Laurent Marcangeli, maire d'Ajaccio, fait partie des 101 signataires d'une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Ils demandent de réserver 1 % du plan de relance, soit un milliard d'euros, aux quartiers populaires premières victimes des conséquences sociales de la crise du Covid19.
Ils représentent 10 millions d'habitants. 101 maires, rassemblés au sein du collectif Territoires Gagnants, alertent sur la situation des quartiers populaires face aux conséquences de la crise du Covid19 dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron.
Dans le courrier, transmis samedi à l'Élysée, ils demandent de réserver 1 % du plan de relance, soit un milliard d'euros, afin de répondre aux urgences constatées dans les quartiers en grande souffrance.
Laurent Marcangeli, maire d'Ajaccio, fait partie des signataires. Il s'inquiète tout particulièrement pour les quartiers des Salines, des Cannes et de l'Empereur.#Tribune #LettreOuverte
— Territoires ! (@nos_territoires) November 16, 2020
Trois ans après le discours de Tourcoing, 101 maires dont @FLeturque, maire d'Arras, représentant à eux seul plus de 10 millions d'habitants, interpellent le chef de l'Etat sur la gravité de la #CriseEco dans les banlieues. https://t.co/e35HRZRwWB
"On constate une explosion des demandes de paniers repas auprès du centre intercommunal d'action sociale de la communauté d'agglomération. Lorsque vous avez des crises comme celle-ci qui se produisent se sont les plus faibles qui, la plupart du temps, en payent le prix", indique-t-il.
"Le virus du décrochage à la République"
Car ces quartiers populaires sont les premiers à subir les conséquences sociales de l'épidémie. "Partout sur le terrain, les signaux sont au rouge", déplorent les édiles dans leur lettre ouverte."Cette crise est économique, sociale, culturelle, associative, et même démocratique puisqu'on ne peut pas avoir un débat électoral à cause de cela. Tous les secteurs sont touchés", reprend Laurent Marcangeli.
Les données publiées dans la lettre sont sans appel. Outre l'augmentation des demandes d'aides alimentaires, ils révèlent des demandes de RSA (…) en progression massive, multipliées par deux à Arras (Pas-de-Calais), une augmentation du chômage, +13 % dans certaines villes des Yvelines, et des inscriptions dans les associations culturelles et sportives en nette baisse, -50 % à Grigny (Essonne).
Des facteurs qui font dire aux élus qu'un "virus du décrochage à la République" se développe dans ces secteurs. "Le sentiment qui domine est celui de non-assistance à territoires en danger."
"Si d'aventure, on laissait ces quartiers à leur triste sort à l'occasion de cette crise, les conséquences seraient catastrophiques. Ce décrochage pourrait entraîner des risques de délinquance, de radicalisation. Il faut prendre en compte ces problématiques", précise le maire d'Ajaccio.
Création d'un conseil national des solutions
Le milliard que les élus réclament serait réparti prioritairement vers la création de comités locaux de solidarité (200 millions d'euros) ; la création de maisons médicales et de centres de santé (200 millions d'euros) ; le monde associatif œuvrant pour la jeunesse et les publics en difficulté (100 millions d'euros) ; la mobilisation des acteurs de l'emploi (120 millions d'euros).Afin d'identifier et d'évaluer les solutions qui "marchent sur le terrain" les maires proposent également la création d'un conseil national des solutions. Doté de 75 millions d'euros, il aurait pour première mission de "mettre en place des collectifs pour l'emploi et la formation dans les 100 villes les plus pauvres de France".
"L'appel de Grigny" et le discours de Tourcoing
En 2017, des élus ont lancé "l'appel de Grigny" pour protester, notamment, contre la suppression des contrats aidés.
En réaction, lors de son discours de Tourcoing en novembre de la même année, Emmanuel Macron avait annoncé un grand "plan de mobilisation nationale" en faveur des quartiers populaires.Confié à Jean-Louis Borloo, notamment ancien ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du logement, il prévoyait 48 mesures destinées à recréer une cohésion urbaine, sociale et républicaine pour lutter contre les inégalités, mais aussi contre "le risque de recroquevillement identitaire et de voir les ennemis de la République occuper le terrain."
Si Emmanuel Macron avait publiquement désavoué le rapport proposé par Jean-Louis Borloo, le gouvernement affirme que 70 % de ce plan a été mis en place aujourd'hui.