Il était l'une des personnalités emblématiques de notre antenne, depuis sa création. Journaliste reporter d'images et photographe de grand talent, il a marqué de son empreinte l'histoire de la télévision régionale. Il avait 78 ans.
Début 2015, Francis Rombaldi avait pris sa retraite. Pourtant, malgré son départ, pendant des années, les couloirs de France 3 Corse ont résonné de sa voix si reconnaissable. Et son esprit a longtemps plané sur la rédaction. Pour ses collègues et confrères, jeunes et moins jeunes, il était un symbole, et un modèle.
L'un de ces pionniers qui, animés d'une passion sincère pour leur métier, et d'une foi inébranlable dans leur mission, avaient bâti le journalisme corse.
Rigueur et bienveillance
Quiconque est parti une fois en reportage sur le terrain avec Francis Rombaldi s'en souvient : l'homme était un journaliste rigoureux, de grand talent. Ses collègues vous parleront également de l'intelligence et du tact avec lesquels il mettait en confiance les personnes qui défilaient devant son objectif.
Et ils se rappelleront avec gratitude de sa bienveillance et de ses encouragements à leur égard, lorsque, jeunes journalistes inquiets et peu assurés, ils découvraient le métier.
Pierre-Jean Luccioni, qui a tourné d'innombrables fois en sa compagnie, en Corse et bien au-delà, se rappelle de son compagnon de route avec émotion : "Il était soucieux du bien-être des autres. Ses proches, mais pas seulement ! Même pour les gens qu'on croisait dans la rue, au cours d'un reportage. Il faisait preuve d'une empathie peu commune..."
Il ne dormait jamais. On pouvait l'appeler à n'importe quelle heure
Pierre-Jean Luccioni
Francis Rombaldi aimait profondément être sur le terrain et, jusqu'à sa retraite, il saisissait la moindre occasion qui se présentait pour quitter les bureaux de la rédaction, dans lesquels son talent se sentait à l'étroit.
Pierre-Jean Luccioni se remémore en souriant son collègue et ami : "Il ne dormait jamais, on pouvait l'appeler à n'importe quelle heure. Un jour, on était à Scandola, pour filmer les gypaètes barbus. Il est rentré dans une cache à 9 heures le matin, et il n'en est plus sorti jusqu'au soir, de peur de manquer l'image à ne pas rater ! Il est resté plus de neuf heures à l'intérieur, et quand il est ressorti, il était bouffé par les fourmis, et cramoisi par le soleil. Mais il est également ressorti avec l'image du gypaète !"
Et si par malheur Francis Rombaldi était contraint de rester inactif, il laissait alors libre cours à son sens de la macagna, dont ses collègues étaient les victimes volontiers consentantes.
L'enfant de Bocognano a accumulé les scoops, les images fortes, les séquences inédites. Mais il ne l'a jamais fait au détriment des autres, en brandissant sa carte de presse comme une excuse. C'est cela, également, qui lui a valu le respect et l'admiration de tous.
Amoureux de la nature
Avant d'être l'un des JRI (journalistes reporters d'images) les plus emblématiques de la télévision insulaire, c'est à travers l'objectif d'un appareil photo que Francis Rombaldi a fait ses débuts au sein de la rédaction du tout jeune Provençal Corse, à l'époque où le journal créé à Marseille par Gaston Deferre s'implantait sur l'île.
"En parallèle, il était l'un des tous premiers à collaborer avec France 3 Méditerranée, avant même la création de France 3 Corse. Il tournait, et envoyait les images à Marseille. Et Bien sûr, quand la télévision régionale a vu le jour, il était de l'aventure", rappelle Pierre-Jean Luccioni.
Pour les 40 ans de France 3 Corse, que nous célébrions en fin d'année dernière, Francis Rombaldi, déjà très fatigué, n'avait malheureusement pas pu partager ses souvenirs avec nos téléspectateurs et nos lecteurs...
Francis Rombaldi était un journaliste à l'ancienne, dans le sens le plus noble du terme. Il se méfiait de l'immédiateté, et de l'urgence qui régissent parfois le métier, à l'heure des nouvelles technologies. Celui qui avait débuté quand il fallait développer ses photos en chambre noire, et tourner en caméra à bobine, rappelait sans cesse qu'être journaliste, c'est savoir prendre du recul.
Son métier, soumis au temps court, ne l'avait pas pour autant privé de ce qu'il aimait tant, le temps long. Durant des décennies, lorsque France 3 Corse lui en laissait le temps, il arpentait les chemins de la Corse, en amoureux de la nature, de la faune et de la flore, et immortalisait l'île dans ce qu'elle a de plus beau.
Les photos de Francis Rombaldi ont d'ailleurs longtemps été la première chose que les touristes découvraient de la Corse, avant même les côtes de de l'île, lorsqu'ils embarquaient sur les bateaux à destination de Bastia, l'Ile Rousse ou Ajaccio. Ces clichés tapissaient les halls et les coursives de nombreux navires. Aujourd'hui, d'autres photos de l'infatigable grand reporter accueillent les visiteurs dans les locaux de France 3, à Ajaccio.
Francis Rombaldi est décédé à l'âge de 78 ans. Son fils, Franck, a qui il a transmis son amour de l'image, a lui aussi embrassé le métier de JRI, et travaille au sein de notre rédaction depuis de longues années.
Le souvenir que Francis Rombaldi laisse dans le monde du journalisme, et bien au-delà, n'est pas prêt de s'éteindre.
Regardez notre sujet télé consacré à Francis Rombaldi :