En fin de semaine dernière, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a été saisi du cas de la juge Hélène Gerhards. Mise en examen notamment pour "détournement de fonds publics", cette ancienne juge d'instruction à Ajaccio avait été placée en détention avant d'être remise en liberté sous contrôle judiciaire. Les enquêteurs la suspectent d'avoir entretenu des liens avec un homme présenté comme proche du banditisme corse.
Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a été saisi du cas de la juge Hélène Gerhards, a appris vendredi 3 mai l'AFP, de source proche du dossier.
Vendredi 26 avril, une demande d'interdiction temporaire d'exercice concernant cette juge d'instruction, qui a exercé en Corse, a été adressée au CSM, en charge de la discipline des magistrats. Cela relève d'une procédure d'urgence, avant une saisine disciplinaire au fond.
En poste à Ajaccio de 2010 à 2016, la magistrate a été récemment mise en examen dans le cadre d'une enquête pilotée par le parquet de Nice.
Elle avait été placée en détention provisoire avant d'être remise en liberté sous contrôle judiciaire.
Saisi par le Premier ministre
Contrairement à la procédure habituelle et en vertu d'un "décret de déport", c'est le Premier ministre, Gabriel Attal, et non le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, qui a saisi le Conseil supérieur de la magistrature.
En effet, du temps où il exerçait en tant qu'avocat, le garde des Sceaux avait défendu l'ex-mari d'Hélène Gerhards dans un autre dossier.
Mise en examen pour onze chefs parmi lesquels "association de malfaiteurs", "trafic d'influence" et "détournement de fonds publics", Hélène Gerhards est soupçonnée d'avoir entretenu des liens avec Johann Carta.
Actuellement incarcéré dans le cadre de deux dossiers distincts instruits par la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, cet homme de 50 ans est présenté par les services d'enquête comme proche de la bande criminelle du "Petit bar".
Les enquêteurs suspectent la magistrate d'avoir, en échange de travaux non déclarés et payés au rabais au sein de sa villa située sur la rive sud d'Ajaccio, "rendu des services" à des membres du banditisme insulaire, notamment des informations sur des procédures judiciaires en cours.
"Aucun crime"
Après avoir été écrouée pendant une douzaine de jours, Hélène Gerhards avait été remise en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer sa profession, de se rendre en Corse et de contacter les protagonistes de l'affaire.
La magistrate, qui clame son innocence, avait déclaré "n'avoir commis aucun crime et n'avoir jamais pactisé avec le grand banditisme".
Interrogé début avril sur l'éventualité de l'ouverture d'une enquête administrative - en parallèle de l'enquête judiciaire - visant la juge Gerhards, Matignon n'avait pas souhaité commenter, indique l'AFP.