Le député de la première circonscription de Corse-du-Sud a adressé une lettre à la Première ministre concernant le plafonnement à 1,99 € du prix du litre de carburant dans toutes les stations du groupe TotalEnergies. Une mesure qui ne s'applique cependant pas dans l'île, ce qui pourrait susciter "un sentiment d'injustice chez les automobilistes insulaires", dixit le président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale.
Dans une lettre, qu'il a rendue publique samedi 4 mars, Laurent Marcangeli alerte la Première ministre, Élisabeth Borne, au sujet du plafonnement à 1,99 € du litre de carburant instauré par le groupe TotalEnergies dans toutes ses stations-service en France. Sauf en Corse.
"Si cette nouvelle est naturellement positive pour l'ensemble des Français, je dois en effet vous relayer les vives inquiétudes qui me sont remontées par les automobilistes insulaires, exclus de facto du bénéfice de cette mesure", écrit le député de la première circonscription de Corse-du-Sud.
Entrée en vigueur le 1er mars dernier, cette limitation du prix ne s'applique pas sur les carburants de type "Excellium", soit la seule gamme distribuée par Total dans ses 51 stations de l'île.
"Par voie de conséquence, explique le président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale, la Corse est le seul territoire à ne pas être concerné par ce geste pourtant bienvenu pour préserver une partie du pouvoir d'achat des habitants de la région la plus pauvre de France métropolitaine, avec 18,5 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, dans un contexte de forte inflation."
"Interroger la position du gouvernement"
Avant la Première ministre, Laurent Marcangeli indique avoir alerté en juillet dernier le ministre de l'économie, Bruno Le Maire, au sujet des "tensions existant au sein de la filière des grossistes et détaillants en carburants corses, malgré l'application d'un taux de TVA réduit, en raison des caractéristiques propres à l'île".
En écrivant à Élisabeth Borne, le député insulaire "souhaite interroger la position du gouvernement quant à la possibilité de garantir que les Corses puissent bien voir les prix de leurs carburants plafonnés sous la barre des 2 € jusqu'à la fin de l'année 2023, au même titre que les continentaux, afin de ne pas laisser prospérer tout sentiment d'injustice".
"Il est nécessaire d'avoir une unité sur la question."
Laurent Marcangeli
Afin d'y remédier, Laurent Marcangeli avance "deux solutions" à notre micro : "celle de plafonner l'Excellium également ou celle de faire venir en Corse de nouveaux carburants".
"Quoi qu'il advienne, ajoute-t-il, ça fait partie d'un dialogue : la Corse, seule, ne peut pas l'avoir avec Total. C'est pour ça que je demande aujourd'hui au gouvernement de venir nous prêter main forte. Il est nécessaire d'avoir une unité sur la question. On ne peut pas laisser les Corses subir aujourd'hui de tels prix, d'autant que nous avons malheureusement d'autres augmentations de prix au niveau des produits de première nécessité."
Contacté cette semaine, TotalEnergies nous a indiqué travailler sur "des mesures alternatives pour l’île".
Dans les colonnes du Figaro, le groupe a également fait savoir qu'il allait "mettre en œuvre sa mesure de plafonnement au fur et à mesure que la Compagnie pourra distribuer du diesel et de l'essence classique sur l'île". Cela permettrait alors "aux Corses de bénéficier également de cette garantie pour leur pouvoir d'achat".
Pour l'heure, aucune date n'a été avancée par TotalEnergies qui précise être en train de déterminer quand et comment le carburant classique sera proposé dans ses stations en Corse.