Jeudi 5 mars, trois cas confirmés de Coronavirus ont été détectés à Ajaccio. Selon nos informations, ces patients seraient des retraités qui auraient séjourné à Mulhouse et participé à un rassemblement évangélique.
Ce sont les premiers cas confirmés de Coronavirus en Corse. Jeudi 5 mars, à Ajaccio, trois personnes ont été testées positives à l’infection.
Dans un communiqué, l’Agence régionale de santé (ARS) indique que ces patients sont pris en charge au centre hospitalier d’Ajaccio et placés en isolement. Elle précise que « leur état clinique ne présente pas de signe de gravité ».
#Covid_19 Communiqué de l’ @ARSCORSE1 ⤵️ pic.twitter.com/8RjxbwPDlB
— Préfet Haute-Corse (@Prefet2B) March 5, 2020
Selon l'ARS des recherches sont en cours afin d'identifier les personnes qui auraient été en contact rapproché ou prolongé avec ces patients.
Toutes sont hospitalisées depuis le 3 mars et ont elles-mêmes contactées le Samu suite à l'appel national à se manifester en cas de symptômes.
Série de mesures
Deux réunions du centre opérationnel de défense se sont tenues ce jeudi, dans la matinée et en fin d'après-midi, à la préfecture de Corse. Le président du conseil exécutif de Corse, le maire d'Ajaccio et la directrice générale de l'ARS, Marie-Hélène Lecenne était conviés. Cette dernière précise que ces patients sont considérés comme des "cas importés", issu du cluster de Mulhouse. Ainsi, le virus, ne circule pas, pour l'heure, sur le territoire insulaire.
Elle note qu'en cas de contamination, seuls 20 % des personnes contaminées font face à un risque important, soit les personnes âgées, ou atteintes d'une pathologie. Les autres présentent un syndrome grippal.
Le Coronavirus se transmet « par gouttelettes ». Ces gouttelettes sont des contacts rapprochés, « à moins d’un mètre et sur une durée relativement importante. On a comme référentiel la durée de 15 minutes », précise la directrice générale de l’ARS.
Pour faire face à cette situation, le préfet de région, Franck Robine, a annoncé la mise en place d'une série de mesures :
- Une enquête approfondie de l'entourage des patients pris en charge afin de déterminer les sujets contact et suivre leur évolution : si celles-ci est pour l'heure encore en cours, 30 personnes ont déjà été identifiées, parmi lesquelles quelques enfants.
- L'instauration de mesures spécifiques à destination des plus fragiles (personnes âgées ou atteintes de pathologies) : les établissements destinés aux personnes âgées limiteront ainsi leurs visites. Un point d'entrée unique sera défini pour chaque établissement afin de contrôler les allées et venues, et il ne sera plus admis qu'un seul visiteur par jour par résident. Les personnes "vulnérables", c'est-à-dire souffrant de pathologies antérieures, mais domiciliées chez elle vont de leur côté être en mise en lien avec des médecins libéraux pour mettre en place un "comportement préventif et les rassurer".
- Le renforcement de la communication à destination de la population notamment autour des gestes barrières : notamment avec la tenue de points presse réguliers.
- La transparence, car cela va "cimenter la confiance dans notre capacité à gérer les crises", précise Franck Robine.
- Le maintien des spectacles et manifestations publiques sera également discuté avec les organisateurs. "En Corse, il n'y a pas d'établissement confiné de plus de 5000 personnes" rappelle le préfet. "Nous ne sommes donc pas soumis à l'interdiction qui est en vigueur sur le territoire national" ajoute-t-il, précisant que les situations seront regardées "au cas par cas".
Le préfet insiste : « Dans les dispositions qui sont à prendre, la plus efficace et la plus essentielle est celle du comportement individuel de la population. Chacun porte une part de responsabilité dans la lutte sanitaire établie. […] Dans le comportement à adopter : se laver soigneusement les mains plusieurs fois par jour, limiter ses contacts de proximité et ses contacts sociaux. »
► Point presse à la préfecture de Corse à 11 heures :
► Point presse à la préfecture de Corse à 18 heures :
Ces mesures sont amenées à évoluer en fonction du développement du virus dans l'île.
Toujours pas d’analyses réalisées en Corse
Actuellement, les analyses de potentiels cas de Coronavirus sont envoyées à l’hôpital de la Timone à Marseille. « Nous avons œuvré à la réduction des délais d’acheminement et de transport des prélèvements », soutient la directrice générale de l’ARS.
Mais face au nombre toujours plus important d’échantillons, les services sont saturés. Ainsi, depuis deux semaines, les autorités travaillent à « se doter d’une ressource locale. On a une hypothèse avec un laboratoire privé et un travail en cours avec le centre hospitalier de Bastia », précise Marie-Hélène Lecenne.
Une organisation qui permettrait « de mettre des tests en place ici ». Avant le lancement, en plus des « autorisations formelles », le processus devra également suivre une phase d’expérimentation « pour savoir si nous allons remplir le cahier des charges », continue-t-elle.
Rassemblement évangélique à Mulhouse
Selon nos informations, les patients atteints à Ajaccio seraient des retraités qui auraient séjourné à Mulhouse et participé à un rassemblement évangélique avant de rentrer dans l’île le 24 février dernier. Cet événement religieux s'est tenu du 15 au 24 février dans la ville alsacienne. Il aurait rassemblé au moins 2.000 personnes, originaires de tout le pays.
► Carte : le quartier de Bourtzwiller, à Mulhouse, où s'est tenu le rassemblement évangélique
En tout, cinq fidèles du centre chrétien Bethel de Corse se sont rendus en Alsace. « Je leur ai demandé d’appeler le 15 et de faire le nécessaire pour s’identifier et faire les tests. Ce qu’elles ont fait », explique le pasteur Douglas Dos Santos qui s’est mis en quarantaine préventive. « J’ai été en contact avec des personnes positives, pour le moment tout va bien, mais j’attends d’avoir l’ARS pour connaître la marche à suivre », complète-t-il. En accord avec les autorités sanitaires, il a décidé de fermer les portes de son église durant au moins deux semaines, « en attendant d’y voir plus clair ».
Les tests d'une quatrième personne, âgée de 22 ans, un temps suspectée d'infection, se sont finalement révélés négatifs.
Un numéro vert national est accessible 24h/24 au 0800 130 000 pour toute information non médicale.