Deux ans après son apparition en Corse, une algue rouge invasive et menaçante pour les herbiers de posidonie a été repérée au large du Var, dans les eaux du parc naturel de Port-Cros.
C'est une découverte qui préoccupe les spécialistes : une algue rouge invasive a été récemment repérée au large du Var. Nommée Lophocladia lallemandii, cette espèce filamenteuse a été détectée dans les eaux du Parc national de Port-Cros en décembre, par des chercheurs de l'institut méditerranéen d'Océanologie, détaille le Parc dans un communiqué paru le 12 janvier.
Originaire de la mer Rouge et de l'océan Indien, l'algue a déjà été documentée par le passé en Méditerranée française : en 2020 et en 2021, le spécimen a ainsi été relevé en Corse, au niveau du golfe d'Ajaccio. Sa propagation dans les eaux varoises, "montre qu'elle s'étend", alerte Thierry Thibault, chercheur à l'institut méditerranéen d'Océanologie.
Les causes d'arrivée de cette algue restent encore à déterminer précisément. L'espèce a pu être portée par les courants par le Canal de Suez, ou encore s'être accrochée sur la coque ou dans les eaux de ballast d'un bateau. Les espèces invasives sont aussi introduites en Méditerranée par l'aquaculture, souligne le chercheur, notant que certaines huîtres élevées en France, par exemple, "proviennent du Canada".
Une algue menaçante pour les herbiers de posidonie
Problème, deux études scientifiques ont montré que Lophocladia lallemandii "peut avoir un impact préoccupant sur les herbiers de posidonie", éléments essentiels à l'écosystème marin, faisant office de "nurserie" aux poissons et de barrière contre l'érosion. "Elle va rentrer en compétition avec l'herbier et le déstructurer", craint-il.
Une algue qui ne souffre d'autant plus d'aucun prédateur, puisqu'elle est "immangeable", tant par les poissons que les oursins. La mer Méditerranée est "la région du monde qui héberge le plus grand nombre d'espèces introduites", a rappelé le parc national de Port-Cros.
"Il va falloir passer au niveau supérieur en termes de sensibilisation"
L'équipe de l'Institut méditerranéen d'océanologie, qui avait déjà étudié en juin une algue venue du Japon et colonisant les Calanques de Marseille, dénommée Rugulopteryx okamurae, a découvert plus récemment une dizaine d'hectares d'Halophila stipulaceaune, une plante venue de l'Océan Indien, près de Cannes (Alpes-Maritimes).
"Sur l'invasion biologique, il va falloir passer au niveau supérieur en termes de sensibilisation", plaide Thierry Thibault, pour qui le grand public doit être informé pour "ne pas rejeter en mer ses restes d'oursins ou d'huîtres", et la réglementation renforcée, "notamment en ce qui concerne les eaux de ballast des navires", qui peuvent contenir des milliers de microbes et d'espèces.
"Le risque est biologique à ce stade et pas humain, donc c'est plus dur de faire passer le message", regrette-t-il. L'algue Rugulopteryx okamurae a elle toutefois déjà provoqué des malaises.