Déjà repoussées à juin prochain, les élections territoriales pourraient être de nouveau décalées selon l'avis du Conseil scientifique, attendu début avril. Dix présidents de régions s'opposent, dans une tribune, à un nouveau report. En Corse, les avis sont moins tranchés.
De droite comme de gauche. Dix présidents de région, aux couleurs politiques diverses, ont fait savoir, dans une tribune conjointe publiée par le Figaro, leur opposition à un nouveau report des élections régionales et départementales de 2020.
Les scrutins, prévus dans un premier temps en mars 2021, avaient déjà été repoussés à juin prochain compte tenu de la situation sanitaire. Un avis du Conseil scientifique est attendu d'ici le 1er avril. Il devrait décider du maintien ou non des élections cet été.
"Toutes les élections sont essentielles. Ce n’est pas au Conseil scientifique de confiner la démocratie", interpellent ainsi les dix présidents de région à savoir Renaud Muselier (Les Républicains, Provence-Alpes-Côte d’Azur), François Bonneau (Parti socialiste, PS, Centre-Val de Loire), Valérie Pécresse, (ex-LR, Ile-de-France), Xavier Bertrand (ex-LR, Hauts-de-France), Carole Delga (PS, Occitanie), Christelle Morançais (LR, Pays de la Loire), Hervé Morin (Les Centristes, Normandie), Alain Rousset (PS, Nouvelle-Aquitaine), Laurent Wauquiez (LR, Auvergne-Rhône-Alpes) et Ary Chalus (Guadeloupe unie/LRM, Guadeloupe).
Régionales : dix présidents de régions s'opposent à un éventuel report des électionshttps://t.co/suUIlRrS7v pic.twitter.com/UgNzo5mWwe
— franceinfo (@franceinfo) March 21, 2021
En Corse, la santé publique avant la santé démocratique
En Corse les avis ne sont pas aussi tranchés. Parmi la majorité, on entend d'abord privilégier la situation sanitaire : "A l'heure actuelle, la population est plus concernée par la situation sanitaire et économique que par ses élections. Si le gouvernement nous garantit des bonnes conditions pour faire campagne, alors nous irons au combat, on aimerait que ces élections soient maintenues", explique Hyacinthe Vanni, président du groupe Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse.
"Mais pour le moment, les chiffres du Covid-19 en Corse montrent une aggravation de l'épidémie. Dans quelle mesure ces élections peuvent-elles être maintenues?", s'interroge-t-il.
Du côté du PNC aussi, on attend les conclusions du Conseil scientifique : "Ce qui prime, c'est la santé publique. Il y a des facteurs d'inquiétude", conçoit Jean-Christophe Angelini, avant de poursuivre : "S'il existe le moindre risque, en terme de santé publique, je me pencherai pour un report dans l'année 2021. Mais je comprendrais mal que l'on prévoie un retour économique en avril ou en mai, mais que l'on entérine un report des élections."
L'opposition partagée
Du côté de l'opposition, on veut aussi croire à un maintien des élections : "Le gouvernement a fait savoir qu'un report n'était pas acté. Les signaux restent positifs pour le moment, il faudra voir début avril", fait savoir Jean-Charles Orsucci, leader du groupe Andà per Dumane.
Celui qui n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature ajoute qu'il n'aurait pas signé cette tribune : "Même dans les heures les plus sombres de la démocratie, les élections ont été maintenues. Mais si la santé des électeurs, le bon déroulé des campagnes et le maintien d'un débat démocratique n'étaient pas assurés, alors il faudra reconsidérer le maintien de ces élections."
Candidat déclaré depuis octobre dernier, le maire d'Ajaccio Laurent Marcangeli, assure qu'il ne "polémiquera pas" si le scrutin est de nouveau reporté. Cependant, il n'en voit pas la raison : "Aujourd'hui, des millions de Français vont au travail tous les jours. Il y a eu des élections majeures aux Etats-Unis, au Portugal, aux Pays-Bas, dans des Länder en Allemagne... Je ne vois pas pourquoi on les repousserait encore une fois. Nous avons su nous adapter lors des dernières élections municipales."
Des élections trop proches des présidentielles ?
"Si le Conseil scientifique démontre qu'il y a un risque majeur, ce dont je doute, je ne m'opposerai pas à la décision. Mais celle-ci ne doit pas être influencée par le jeu politique", poursuit Laurent Marcangeli. La majorité, comme l'opposition, craint que les nouvelles dates du scrutin soient ensuite trop proches de celles des élections présidentielles : "Plus vous rapprochez les deux élections, plus l'influence de la présidentielle sera forte. Cela pourrait avoir une influence sur les élections", craint l'édile d'Ajaccio.
Pour le politologue André Fazi, ces élections territoriales perdraient en pertinence si elles étaient de nouveau repousser à la rentrée : "Organiser ces élections territoriales à six mois des présidentielles ne serait pas positif. Si on veut valoriser ces élections, il faut qu'elles soient autonomes. Plus on décale, plus la fatigue électorale risque de dominer."