Autonomie : les élus corses satisfaits, mais prudents, après le dîner de Beauvau

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Un consensus s'est dégagé, après cinq heures de discussions, autour d'une "écriture constitutionnelle". Seuls Jean-Martin Mondoloni et Jean-Jacques Panunzi ont fait entendre leurs réticences, concernant la question du pouvoir législatif.

"Si je devais employer une métaphore sportive, je dirais que ce soir, nous sommes en demi-finale. Il reste à gagner la demi-finale et la finale. Ça fait partie du combat démocratique que nous avons à mener. Mais une chose est sûre, le pas décisif qu'il fallait franchir ce soir est franchi".

Il est près d'une heure du matin quand Gilles Simeoni s'adresse à la presse, dans les salons de Beauvau. Et ses propos résument le sentiment général.

Pour l'immense majorité des huit élus insulaires qui avaient fait le déplacement à Paris, l'accord autour du contenu d'un même texte, un projet d'"écriture constitutionnelle" faisant état de la reconnaissance d'un statut d'autonomie de la Corse, est une étape majeure.

Ainsi, Laurent Marcangeli, député Horizons, et principal opposant de Gilles Simeoni sur l'échiquier politique insulaire, est sur la même ligne que le leader nationaliste : "je ne vais pas bouder mon plaisir. On sort d'une réunion conclusive, et ce n'était pas écrit. Beaucoup de gens mettaient en cause la possibilité d'y parvenir. La bonne volonté des uns et des autres a permis d'atteindre cet objectif".

Prudence

Pour autant, pas question de faire dans le triomphalisme.

"Le texte reprend pour une grande partie tout ce que nous avons demandé : la Corse comme communauté, avec des droits historiques, des droits culturels, avec un lien très fort à la terre ; un statut d'autonomie écrit noir sur blanc, avec les deux pans, le droit législatif et le droit d'adaptation réglementaire", constate Paul Félix Benedetti.

Tout ce qui est technique est renvoyé à la loi organique. C'est un vaste chantier qui, si on n'est pas vigilants, peut nous amener à pas grand-chose

Paul-Félix Benedetti

Mais le leader de Core in Fronte n'oublie pas que "tout ce qui est technique est renvoyé à la loi organique, donc je considère que l'on a gagné la première manche, et que maintenant il reste la deuxième, et c'est la loi organique. C'est un vaste chantier qui, si on n'est pas vigilants, peut nous amener à pas grand-chose. Dans ce cadre-là, nous nous retirerons".

En effet, c'est cette loi organique qui déterminera le champ des compétences dévolues par l'autonomie à la Collectivité de Corse. Ce qui laisse planer un grand nombre d'incertitudes.

Mais Jean-Christophe Angelini, président du groupe Avanzemu, est optimiste : "on peut y voir un signe négatif, mais on peut également arguer du fait que ça ne limite en rien les compétences qui sont appelées à être transférées demain. La loi organique peut même en énumérer encore d'avantage que la révision constitutionnelle n'aurait pu le faire..."

RETICENCES

Sans surprise, la perspective de l'octroi du pouvoir législatif n'a pas ravi tout le monde autour de la table, hier soir.

Jean-Jacques Panunzi, sénateur de Corse-du-Sud, y est "farouchement opposé. Cela ne peut pas être la Collectivité de Corse qui fait la loi. Elle doit rester au Parlement. Nous devons plutôt être sur un pouvoir d'adaptation, ce qui est logique, puisque nous l'avons obtenu avec la loi de 2002, et que nous n'avons pas pu l'exercer. Nous pourrons désormais l'exercer si nous constitutionnalisons cette loi. Mais d'autres veulent aller beaucoup plus loin, et je ne partage pas cette opinion".

Un accord qui ne fait pas l'unanimité, ce n'est pas un accord

Jean-Martin Mondoloni

Jean-Jacques Panunzi est l'un des deux élus insulaires à avoir fait entendre une voix dissonante.

"Un accord qui ne fait pas l'unanimité, ce n'est pas un accord", sourit Jean-Martin Mondoloni. Celui qui partage la présidence du groupe Un Soffiu Novu à l'Assemblée avec Valérie Bozzi a fait connaître les mêmes réserves que Jean-Jacques Panunzi.

Pour autant, lorsqu'on l'interroge sur sa position lors du vote qui devra valider le texte à l'assemblée de Corse, Jean-Martin Mondoloni reste évasif : "je pense depuis le début que l'octroi du pouvoir législatif est un problème. Je ne vais pas changer d'avis, mais je ne vais pas non plus endosser le costume de bourreau du processus".

Valérie Bozzi conclut en rappelant les prochaines échéances de cette marche vers l'autonomie, dont le processus de Beauveau n'était que le premier pas : "Il faudra maintenant convaincre l'assemblée de Corse. Il ne devrait pas y avoir de surprise, le vote devrait être favorable. Mais ensuite, il y a le Sénat, l'Assemblée nationale, le Parlement, et puis enfin les Corses, qui devront être consultés. Il faut que nous gardions à l'esprit ce que cette autonomie signifie vraiment pour les Insulaires".

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