Actuellement, seules les croisières de moins de 250 passagers ont repris. Mais depuis juillet, des questions se posent sur des escales d'un paquebot au large des plus beaux rivages de Corse. Aucune infraction n'est constatée pour l'heure, mais l'ancrage en dehors des ports, suscite des inquiétudes.
Le Lyrial est un luxueux paquebot, de la compagnie Le Ponant, de 142 mètres de long. Cette année, c’est la première fois qu’elle commercialise des croisières en dehors des ports de Corse. Ainsi entre juillet et octobre le navire met le cap sur des sites exceptionnels comme Roccapina, Balistra ou Santa-Manza.
Des itinéraires qui inquiètent les gestionnaires du parc marin des bouches de Bonifacio qui n’ont pas été consultés ne serait-ce que pour les beach, technique suivant laquelle les semi-rigides du Lyrial accostent directement sur la plage. « Dans certaines zones, on espère qu’il aura les autorisations d’ancrer au-delà de 40 mètres puisqu’on est aujourd’hui dans une logique de démontrer les impacts très forts de ces gros bateaux, d’une longueur supérieure à 24 mètres, sur l’environnement. Ils sont capables de faire des destructions importantes des herbiers de posidonie », explique Jean-Michel Culioli du parc marin international de Bonifacio et chef de service des espaces protégés au sein de l’office de l'environnement.
Allier économie et écologie
D'ici l'automne 2020, le préfet maritime devrait prendre un arrêté pour interdire le mouillage des embarcations de plus de 24 mètres de long. Seule obligation pour l'instant : les navires de commerce doivent demander au phare de Pertusato l'autorisation avant de mouiller.Ce qu'a fait le Lyrial. « Nous avons convenu avec l’office de l’environnement la mise en place de coffres dans la réserve naturelle des bouches de Bonifacio, qui seraient gérés, de préférence, par la puissance publique, mais qui permettraient de gérer correctement, d’interdire là où il n’y a pas de coffres et de générer de l’économie. C’est l’écologie telle qu’on la conçoit, l’inverse d’une écologie punitive, soit une écologie vertueuse », soutient de son côté Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio.
De son côté, la compagnie du Ponant affirme respecter « scrupuleusement les recommandations des autorités officielles et positionne ses navires hors des zones de protection des espèces telles que les herbiers de posidonie. » Elle soutient prôner « un tourisme responsable et durable » et affirme « souhaiter concevoir ses itinéraires pour valoriser le patrimoine naturel et culturel de la France. »
Quel avenir pour les croisières ?
Au-delà des aspects environnementaux, ces escales interrogent, quel avenir pour les croisières ? La chambre de commerce a investi une vingtaine de millions d’euros, pour le simple l'accueil des paquebots à Ajaccio.Cet été, le mole est désert. « Le Lyrial au mouillage ou d’autres compagnies comme celles du Ponant, ce n’est pas notre modèle de développement des croisières. Si le Lyrial était venu ici, cela aurait coûté entre 2.000 et 3.000 euros. En soi ce n’est pas une question de perte financière, mais cela génère une économie induite », estime Jean-Yves Battesti, directeur des ports de commerce de Corse-du-Sud.
Avec ces étapes qui se veulent sauvages, les excursions ou encore le shopping sont exclus. Néanmoins, en juin dernier, sur l’île de Ré, la compagnie a annulé les mouillages prévus au large du site Natura 2000 du banc du Bûcheron pour protéger les dunes et les oiseaux à la demande des élus locaux. En Corse, le destin des posidonies sous-marines devra attendre l'arrêté préfectoral de l'automne 2020.