Une manifestation s'est tenue ce mercredi 13 novembre devant la CPAM de Corse-du-Sud à Ajaccio. Les artisans taxis et ambulanciers de l'île dénoncent une concurrence déloyale et pointent du doigt certains professionnels qui transportent des patients malades, sans autorisation. De quoi mettre en difficulté leurs activités.
Ce matin, dès 9h, c'est l'ensemble de la corporation des taxis et ambulanciers de Corse qui se mobilise. Ils sont un peu plus d'une cinquantaine à avoir fait le déplacement à Ajaccio pour faire entendre leur colère et leurs inquiétudes.
La raison de leur mouvement : la concurrence déloyale concernant le transport des malades assis. Les professionnels qui manifestent mettent en cause notamment les voitures et chauffeurs non agréés par la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM).
Un danger pour leur entreprise
Ces fraudes, selon eux, fragilisent leur entreprise, car le transport de malades assis représente pour eux entre 60% et 70% de leur activité. "Il y a des véhicules, pas forcément des taxis, qui effectuent ces transports sans être agréés par la CPAM", dénonce François-Marie Ottaviani, artisan taxi à Ajaccio et président du syndicat FNAT - syndicat des artisans taxis de la Corse-du-Sud.
"Cela peut être des véhicules quelconques comme des Uber. Ces VTC n'ont pas le droit de faire du transport de malades assis, pourtant on se retrouve confrontés à cette situation, poursuit-il. C'est de la concurrence déloyale". Un contournement de la loi, alors que ces derniers ne sont pas soumis aux mêmes charges ni contraintes que celles qui pèsent sur les taxis professionnels.
Un danger pour l'entreprise, mais aussi pour le client, selon eux. Les voitures non conventionnées par la CPAM ne sont, en effet, pas assurées pour transporter les malades.
Un flou juridique
Afin que cette activité soit mieux encadrée, les manifestants ont demandé ce mercredi à s'entretenir avec le directeur de la CPAM de Corse-du-Sud, Manuel Falaschi, afin que des solutions concrètes puissent être trouvées.
Une délégation a été reçue dans la matinée. "La réunion s'est plutôt bien passée, nous avons obtenu des réponses favorables", se réjouit le président du syndicat FNAT - syndicat des artisans taxis de la Corse-du-Sud.
Selon lui, la direction de la CPAM s'est engagée à mettre en place des contrôles stricts et ciblés pour ceux qui transporteraient les malades assis, sans autorisation. Ces contrôles seront effectués par du personnel interne à la CPAM, qui vérifiera à l'avenir le numéro d'agrément.
Lors de cette réunion, la délégation reçue a souhaité aussi mettre l'accent sur les ententes préalables nécessaires au transport d'un malade, à plus de 150 km sur l'île ou lors d'un transfert sur le continent.
La problématique des ententes préalables
Lors d'une course à plus de 150km, le client peut présenter une "entente préalable" délivrée par l'Assurance maladie. Sauf que dans la plupart des cas, le client n'a jamais le temps de demander cette entente préalable, qui met généralement une dizaine de jours à être reçue.
"Vous imaginez bien que quelqu'un qui sort de l'hôpital à Ajaccio et qui doit être transféré en urgence à Marseille n'a pas le temps de demander cette entente préalable", explique François-Marie Ottaviani. Dans ce cas, sans entente préalable, les artisans taxi, ne sont pas payés pour la course qu'ils effectuent. "Neuf fois sur 10, ils n'ont pas cette entente préalable. Il faudrait abroger ce type de remboursement", poursuit-il.
Sur ce point, le directeur de la CPAM a indiqué qu'il reviendrait vers eux le 15 décembre, afin d'analyser ce qui est envisageable par la suite. "On reste vigilant", prévient l'artisan taxi d'Ajaccio.