Un projet d'emoji avec le drapeau corse a été lancé à l'Assemblée de Corse. Mais le budget alloué à la campagne de communication a rapidement créé la polémique. L'apparition d'un emoji drapeau breton peut-il relancer la campagne pour la proposition ?
 

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Les rayures noires et blanches du "Gwenn ha du", le drapeau breton peuvent-elle parler aux internautes des Etats-Unis, de l'Inde, ou du Japon ?

"Oui" ! Répond l'association www.bzh, soutenue par la Région Bretagne et les villes de Rennes, Brest ou Quimper.

L'emoji breton est un succès

Ensemble, elles ont lancé une opération de communication visant à intégrer le drapeau de manière définitive dans la liste des emojis, ces pictogrammes largement utilisés sur les réseaux sociaux.

Accolé au mot dièse #EmojiBZH, le drapeau breton s'est classé en première et troisième place des tendances Twitter France pour sa première journée de campagne lundi, se retrouvant même brièvement en 6e position des tendances mondiales du réseau, avec 30.000 tweets et de nombreuses réactions humoristiques.
En avril 2020, un dossier sera déposé devant le consortium Unicode, qui supervise la création de ces pictogrammes, avant qu'il ne révèle au mois de janvier 2021 si le "Gwenn ha du" rejoint sa liste officielle d'emojis.

 
Qu'en est-il du drapeau corse ?

A quand une tête de Maure sur nos réseaux sociaux, alors ? En 2018, la Corse faisait partie des trois régions françaises les plus taggées sur Instagram.

A l'époque environ 4700 signatures avaient été récoltées dans une pétition en faveur de l'adoption du drapeau corse dans la liste des emojis.
On est loin des 27.000 signatures récoltées par les bretons. Mais en novembre de la même année, l'Assemblée de Corse avait tout de même voté un budget de 52.800 euros sur cinq ans pour que l'emoji Corsica rejoigne les écrans de nos smartphones.
Une initiative pour contribuer "à la présence et au rayonnement de la Corse sur les réseaux mondiaux et sur Internet", précisait un rapport.


Un budget non-utilisé 

Depuis ? Le budget prévisionnel n'a pas été utilisé.

"Le projet est toujours dans les tuyaux bien qu'ayant subi une petite polémique à l'époque sur le montant du crédit de communication", explique Eric Ferrari, directeur de l'aménagement numérique à la Collectivité de Corse (CDC). Pour lui, il est important de différencier deux choses : l'emoji et l'émoticône. "L'émoji est une norme internationale. L'émoticône n'est pas normalisé, tout le monde peut le faire sur Photoshop."  

Du projet au smartphone

Pour faire valider un emoji, explique-t-il, le processus est plus complexe qu'il n'y paraît : "Il faut faire une campagne de lobbying vis-à-vis des GAFA [acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr] mais aussi de Microsoft, Samsung, Nokia, etc. Leur présenter la communauté corse et leur dire "si vous nous soutenez, vous aurez une meilleure notoriété en tant qu'industriel.""
 

Convaincre à l'international

Mais les épreuves pour permettre à une mini bandera de ponctuer vos sms ne s'arrête pas là. "Ensuite, il faut faire un dossier au consortium Unicode qui va l'accepter ou non", poursuit Eric Ferrari. Ce consortium vise à standardiser le codage de caractères sur le numérique au niveau mondial. A cette étape, l'incertitude demeure : "Ils ont accepté des choses incongrues et ont refusé des choses pour lesquelles on se demande encore pourquoi."

Mais le directeur de l'aménagement numérique à la Collectivité de Corse ne baisse pas pour autant les bras. Pour lui, après la polémique sur le budget alloué à l'emoji Corsica, la première étape est de convaincre les Corses eux-mêmes. "Nous sommes prêts à reprendre la campagne dans un environnement apaisé et consensuel", prévient-il. Et il n'est pas impossible que l'on voie apparaître dans les prochains mois une pétition en faveur de la diffusion du drapeau corse dans comme emoji.
 

Marqueur d'identité

Eric Ferrari en est d'ores et déjà convaincu : "C'est un marqueur fort de l'identité corse sur internet. Le fait de permettre à tout possesseur de smartphone d'avoir l'image de la Corse sous la forme de son drapeau est très important."

Pour lui, la campagne n'est pas "accessoire" et s'inscrit dans le prolongement de la création des noms de domaines ".corsica" lancée en 2016.
A voir les statistiques des hashtags Instagram et Twitter pour 2019, on s'aperçoit vite que la Corse est très présente sur les réseaux, bien plus que… au hasard… la Bretagne!
 


 
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