Six personnes dont l'ex-député DVG de Haute-Corse Paul Giacobbi, figure de la vie politique de l'île depuis une quinzaine d'années, a été mis en examen mercredi 28 juin dans une enquête sur des emplois présumés fictifs à l'époque où il présidait le Conseil exécutif à l'Assemblée de Corse.
L'ancien député a été "mis en examen pour détournement de fonds publics", a annoncé le procureur de la République de Bastia Nicolas Bessone. "Il lui est reproché d'avoir validé le recrutement de personnes employées fictivement, et validé des dépenses somptuaires injustifiées", a précisé le procureur.
La justice accuse "M. Giacobbi d'avoir laissé le système perdurer en connaissance de cause" mais écarte tout "enrichissement personnel".
Me Jean Sébastien de Casalta, avocat de Thierry Gamba Martini; Nicolas Bessone, procureur de la République de Bastia
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Cinq autres personnes ont été mises en examen dans le cadre de cette enquête portant sur des emplois présumés fictifsà la CTC entre 2010 et 2015. Il s’agit de Thierry Gamba-Martini, ancien Directeur général des services (DGS) de la CTC, mis en examen pour détournements de fonds publics et recel de détournement de bien public ; Augustin-Dominique Viola, ancien directeur de cabinet de Paul Giacobbi, mis en examen pour complicité de détournement de fonds public et recel de détournement de fonds public.
Trois femmes sont également soupçonnées d’avoir bénéficié d’emplois fictifs ou de salaires et frais trop élevés ou injustifiés pour leur emploi. Laurence Mach, épouse de Thierry Gamba-Martini, Sabine Viola, fille d’ Augustin-Dominique Viola et Faustine Maestracci, nièce de l’ancien directeur de cabinet ont été mises en examen pour recel de détournement de fonds public.
Tous les protagonistes nient les faits qui leurs sont reprochés. Ils sont ressortis libres du tribunal, placés sous contrôle judiciaire et ont dû payer 10 000€ de caution. A l’exception du couple, ils ont interdiction de se rencontrer dans l’attente de leur procès.
L'enquête, menée par le juge d'instruction Thomas Meindl, du pôle économique et financier du tribunal correctionnel de Bastia, porte sur des soupçons d'emplois fictifs remontant à l'époque où Paul Giacobbi dirigeait l'exécutif corse, entre mars 2010 et décembre 2015, avant que les nationalistes remportent les élections territoriales.
"Nous démontrerons que les agissements des collaborateurs concernés lui étaient parfaitement dissimulés", a déclaré l'avocat de Paul Giacobbi, Me Emmanuel Mercinier Pantalacci, estimant qu'"aucune responsabilité personnelle ne saurait être attribuée" à son client.
Paul Giacobbi, aujourd'hui âgé de 60 ans, a dirigé l'exécutif corse de mars 2010 à décembre 2015, avant que les nationalistes ne remportent les élections territoriales.
Déjà poursuivi dans une autre affaire
Il a déjà été condamné à trois ans de prison ferme, 100.000 euros d'amende, et cinq ans d'inéligibilité en janvier dans une autre affaire, dite des "gîtes ruraux", une condamnation dont il a fait appel.
Le tribunal correctionnel de Bastia l'avait sanctionné pour le détournement de quelque 480.000 euros de fonds publics, au sein du conseil général de Haute-Corse qu'il a présidé entre 2007 et 2010.
Destinées à financer la construction ou la rénovation de gîtes, ces sommes avaient profité en réalité à une quinzaine de personnes, également condamnées et qui ont aussi fait appel.
Un des principaux soutiens d'Emmanuel Macron en Corse avant la présidentielle, Paul Giacobbi, député de Haute-Corse depuis 2002, avait renoncé à briguer un nouveau mandat lors des législatives des 11 et 18 juin.