Ce samedi, les Corses étaient appelés à manifester à Ajaccio par les représentants de l’Assemblée de Corse Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni. Plusieurs milliers de personnes ont fait le déplacement, entre 22 000 et 25 000 selon les organisateurs, entre 5 600 et 6 000 pour la préfecture.
Derrière une banderole « Demucrazia è rispettu pè u populu corsu » (« Démocratie et respect pour le peuple corse »), plusieurs milliers de personnes ont défilé ce samedi après-midi à Ajaccio à l'appel des dirigeants nationalistes de l’Assemblée de Corse pour défendre leurs revendications, trois jours avant une visite d'Emmanuel Macron.
Le cortège parti sous la pluie vers 15 heures était ouvert par des jeunes filles arborant sur leurs épaules le drapeau corse. « Vive la lutte d'indépendance » ou encore « État français assassin », scandaient des manifestants munis des feuilles blanches sur lesquelles était écrit en noir « #Demucrazia ».
Sur la voiture de tête, qui diffusait des chants traditionnels, on pouvait lire l'inscription « Amnistia », et une autre bannière avec le mot « Liberta » était tendue en milieu de cortège : autant de références à l'une des principales demandes des nationalistes : l'amnistie des prisonniers dits politiques.
« Je pense qu'on a réussi notre pari », s'est félicité auprès de l'AFP l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, peu après le départ du cortège. « Nous sommes satisfaits que le peuple corse ait répondu à notre appel. Je crois qu'il va y avoir une mobilisation dans la durée, les Corses devront être mobilisés pour nous soutenir, pas seulement avec leurs suffrages ».
Soutenue par un collectif réunissant syndicats, associations et différents mouvements nationalistes, la manifestation visait « à convaincre le président, à travers une mobilisation populaire et pacifique, d'ouvrir un dialogue », avait expliqué à l'AFP le président autonomiste du conseil exécutif Gilles Simeoni.
Gilles Simeoni avait alors aussi insisté sur « l'importance qu'elle soit une réussite et qu'elle se passe bien, d'éviter tout débordement qui pourrait donner des prétextes à celles et ceux qui ne veulent pas d'une logique de déblocage ».
À la fin de l'événement, les organisateurs ont estimé entre 22 000 et 25 000 manifestants dans la rues d'Ajaccio. La préfecture a quant à elle annoncé entre 5 600 et 6 000 personnes.
« Fins de non-recevoir »
Pour ses promoteurs, ce rassemblement est une réponse aux « fins de non-recevoir sur la quasi-totalité des dossiers » comme la co-officialité de la langue corse, le rapprochement et l’amnistie des prisonniers, le statut de résident, l’inscription de la Corse dans la Constitution.
Ces demandes ont été présentées la semaine dernière à Paris par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni au Premier ministre, Edouard Philippe, et au président du Sénat Gérard Larcher. Après ces réunions, Matignon avait semblé surpris par la déception des élus nationalistes et avait « pris acte » de l'appel à manifester, tout en souhaitant que le « dialogue initié » entre le gouvernement et l'exécutif local corse se « poursuive ».
Une résolution reprenant les principales revendications des nationalistes, votée dans la nuit de vendredi à samedi par la majorité nationaliste, mais aussi par les élus macronistes de l'Assemblée de Corse, devrait être remise à Emmanuel Macron lors de sa visite à Ajaccio le 6 février prochain.