Michel Ucciani, ex-membre du FLNC et du Milieu, DPS, raconte ses vingt ans passés dans les prisons françaises

Son livre, Corse en prison, est dédié à Yvan Colonna, qu'il considérait comme son ami, et dont la dernière lettre lui était parvenue "quatre jours avant son assassinat". L'ancien DPS signe un tour de France édifiant du milieu carcéral français.

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La première fois que Michel Ucciani est entré en prison, c'était à Ajaccio, à la fin de l'été 1978, après avoir été arrêté par les gendarmes pour avoir dérobé quatre pneus sur une voiture de touristes hollandais dans un camping, pas loin de Cuttoli. 

La dernière fois, c'était en 2016, à Nîmes. Pour un des nombreux dossiers liés au grand banditisme dans lesquels il a été inquiété. 

Une quinzaine de prisons différentes

Entretemps, il a été pensionnaire des Baumettes de la Santé, de Fresnes, de Borgo, des centres de détention de Draguignan ou d'Aiton, des maisons d'arrêt d'Aix-Luynes, de Digne, de Strasbourg, de Vannes, de Nice ou de Nantes, ou encore de la maison centrale d'Arles, quelques années avant Yvan Colonna, qu'il considérait comme son ami "depuis près de 40 ans".

Yvan Colonna qui, raconte-t-il, l'avait hébergé, il y a trente-cinq ans, alors que Michel Ucciani était recherché par les autorités. "Moi-même, si j'avais été libre à l'époque où il était recherché, je l'aurais aidé et caché sans aucune hésitation". 

Dans son précédent livre, Natio, du FLNC au grand banditisme, Michel Ucciani retraçait son parcours. Dans le deuxième, Corse en Prison, il aborde les conséquences de cette vie dans l'illégalité, les deux décennies qu'il a passées en prison, où il tout connu, des quartiers d'isolement à ceux de semi-liberté. 

Les règlements diffèrent entre chaque établissement, qui vont du plus souple au plus aberrant, au bon vouloir des directions

Michel Ucciani

Il raconte, par le menu, dans un style direct et sans fioritures, le quotidien des prisonniers issus de l'île.

"Il est vrai qu'être Corse nous faisait vivre bien souvent la détention sur le continent d'une manière différente de celle du reste des détenus. En premier lieu grâce à la solidarité qui existait entre nous dès que l'on arrivait derrière les murs, l'entraide n'était pas un vain mot pour nous. Mais également à cause de l'administration pénitentiaire qui nous considérait différemment et appliquait un traitement sécurité particulier, surtout si l'on était fiché au grand banditisme ou affilié à un mouvement clandestin"

Radicalisation et communautarisme

Avec lui, on découvre les combines, les vexations, les tensions, les rackets organisés, les rapports avec les agents pénitentiaires, les problèmes de surpopulation, les transferts, les liens conservés avec l'extérieur, personnels et professionnels. Il a vécu, aux premières loges, le déclin du système carcéral français, qui détaille par l'exemple. 

"Dans les médias, on fustige souvent les prisons des pays soit-disant sous-développés, mais la France n'a pas à se glorifier de l'état de ses propres prisons. Certaines sont du niveau du tiers-monde : surpeuplées, insalubres et dangereuses". 

En 2015, lors des attentats de Paris, je me suis rendu compte que, dans les prisons, la bataille était perdue avec l'islamisme

Sans surprise, l'ombre du berger de Cargèse également plane sur Corse en prison. "Il a été massacré de coups, tabassé à mort par un fou, un dangereux fanatique", écrit Michel Ucciani. Selon lui, ce drame met en lumière la présence de plus en plus profonde du communautarisme le plus radical en prison, mais également l'incapacité de la Pénitentiaire à s'attaquer réellement au problème :

"Pour que ce genre d'erreur tragique ne se reproduise jamais, il est plus que temps pour l'Etat d'agir en conséquence. La mise en place urgente de mesures de sécurité draconiennes s'impose pour cette catégorie de détenus radicalisés. La construction de lieux de détention réservés uniquement à ces gens devrait être une priorité"

Selon le sexagénaire, c'est en 2015, lors des attentats de Paris, qu'il s'est "rendu compte que dans les prisons la bataille était perdue avec l'islamisme. A chaque attentat, les trois-quarts de la prison étaient composés principalement de détenus musulmans, ils hurlaient "Allah ahkbar" une grande partie de la nuit en soutien des attentats. Ces abrutis étaient contents de voir des centaines de morts aux infos. La majorié était des bourricots finis, abrutis par le shit qu'ils fumaient à outrance, ils ne comprenaient rien à la religion, mais par haine contre le Blanc et contre la france, ils soutenaient quand même les islamistes". 

Le témoignage de Michel Ucciani n'est pas dénué d'excès, comme tous les récits de ce genre. Ce n'est pas un travail de sociologue, mais celui d'un ancien taulard qui raconte les choses comme il les a ressenties, sans rien s'interdire...

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