"Une situation préoccupante mais non compromise". C'est dans ces termes que le président du tribunal d'Ajaccio a caractérisé l'état de la juridiction, ce mercredi, jour d'audience solennelle de rentrée. L'activité du tribunal a augmenté bien plus que le personnel nécessaire. Il a fallu encore jongler d'un contentieux à l'autre. Et cela devrait encore durer.
Salle comble en cette audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire, ce mercredi 31 janvier, pour un bilan à la hausse de l'activité pénale.
Reprise des attentats clandestins ; reprise des assassinats, au nombre de 5 ; hausse des destructions de biens par explosions liées à l'extorsion de fonds et intimidations sur les entreprises : ce sont les trois points saillants de la délinquance 2023 en Corse-du-Sud.
L'activité judiciaire a été aussi marquée par l'augmentation continue des violences intrafamiliales. C'est enfin la lutte contre le trafic de stupéfiants que met en avant le parquet. "Les têtes de réseau sont recherchées au travers d'investigations plus longues, dans le cadre d'information judiciaire qui sont sous l'autorité des trois juges d'instructions du tribunal, avec les services de la section de recherche et de la police judiciaire d'Ajaccio", indique ainsi Nicolas Septe, procureur de la République d'Ajaccio.
Le chef du parquet continue : "Notre stratégie, c'est aussi de développer des enquêtes plus courtes de manière à pouvoir répondre rapidement aux atteintes portées par les trafics de stupéfiants, au bien vivre ensemble dans notre département."
Des améliorations, et des difficultés
À la tribune et à quelques semaines de son départ, le président du tribunal, Alain Fouquet, a insisté sur les améliorations qu'a connu la juridiction, d'Ajaccio à Porto-Vecchio, en passant par Sartène.
Amélioration des bâtiments, mais aussi de l'accueil des victimes, de la médiation et de la conciliation. Reste le gros point noir : celui du manque de personnel, magistrats spécialisés ou généralistes, encadrement du greffe notamment.
Rallongement des délais d'audiencement
Une situation préoccupante, a-t-il estimé, en expliquant les choix opérés : faire attendre le contentieux civil au profit du pénal. Pas de quoi empêcher l'allongement moyen des durées d'audiencement pour toutes les affaires.
"Le constat est très simple, détaille Me Marie Colombani, bâtonnier du barreau d'Ajaccio. Il y a deux ans, environ, nous avions un audiencement de deux mois, c’est-à-dire que l'accès au juge était permis en deux mois, avec des renvois de mois en mois. Aujourd'hui ils sont d'un an, avec des renvois d'un an. Nous avons des retards de procédures désormais qui sont de l'ordre de plus de 18 mois."
Malgré les moyens supplémentaires accordés ces dernières années à la juridiction, ces délais à rallonge devraient durer. On attend 2027 et la promesse de deux nouveaux postes de magistrats.