Liquidation judiciaire de Cafés Legal : "Hier, on a tous perdu notre métier, c'est écœurant"

La liquidation judiciaire de la marque historique Cafés Legal, prononcée ce mardi 17 décembre 2024 par le tribunal de commerce de Paris, laisse un goût amer aux 116 salariés concernés par le licenciement. Devant le site du Havre (Seine-Maritime), ils se disent "déçus" mais reconnaissent les efforts fournis par la direction.

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À l'aube des fêtes de Noël, la décision est un véritable coup dur pour les salariés de Cafés Legal. Tous déplorent que la seule offre de rachat proposée n'ait pas pu aboutir. Et tous s'inquiètent pour leur avenir. Une centaine de personnes travaillaient sur le site du Havre mais à l'échelle nationale, ce sont 116 salariés au total qui ont été licenciés automatiquement.

Ça fait une vingtaine d'années que je travaille là bas, ça va être très dur pour la suite. On nous avait dit qu'il ne fallait pas faire de vagues. La vague est passée, maintenant on est submergé.

Jessica Laurent, technicienne de laboratoire 

"On est déçu, on aurait bien voulu continuer"

Une page se tourne aussi pour Le Havre, où la marque était implantée depuis plus de 170 ans. Devant l'usine déserte, quelques "anciens" se sont déplacés ce matin. Même si l'annonce a entraîné l'arrêt immédiat de la production, le licenciement automatique des collaborateurs, et que le parfum du café ne flotte plus dans le quartier.

Julien était torréfacteur depuis 12 ans. Il se dit très attristé de la situation, mais pas surpris : "Hier, on a tous perdu notre métier, c'est écœurant. On s'y attendait, on était en difficulté. On n'a pas le choix... Mais on est déçu, on aurait bien voulu continuer."

Tant qu'il n'y avait rien de défini, il y avait de l'espoir. La société a vécu pas mal de choses, elle a été reprise, on a rebondi, on s'est rattrapé, on espérait quand même encore. Malheureusement, ça n'a pas été le cas.

Un salarié

Un autre salarié, anonyme, témoigne : "Ça fait 25 ans que je suis là, 25 ans qui s'écroulent du jour au lendemain. Je suis rentré pour un emploi saisonnier et je suis resté. J'ai évolué, je suis passé par la maintenance et là, j'étais chef d'équipe."

Il explique la liquidation de l'entreprise par le cours du café, le prix du camion de café vert ayant presque doublé en l'espace de deux mois. Or, les prix ne pouvaient pas être répercutés sur les clients. Alors, l'usine "fabriquait à perte, tout en maintenant ses prix". "La direction a vraiment fait tout ce qu'elle pouvait pour maintenir cette entreprise", salue-t-il toutefois.

À lire aussi : La marque Cafés Légal, entreprise historique du Havre, en liquidation judiciaire : 110 salariés licenciés

"On a vraiment cru qu'on allait laisser une chance au repreneur"

Cafés Legal avait été racheté puis revendu par l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon. L'entreprise, en difficulté, avait été placée en redressement judiciaire en octobre 2022.

En décembre, la Région Normandie s'était portée garante de la caution d'un million d'euros demandée par le tribunal de commerce. Une seule offre avait été émise, mais l'industriel concerné ne disposait pas de garanties suffisantes.

Je voulais juste dire que tout le monde a été exemplaire, ils ont travaillé jusqu'au bout comme nous tous. On aurait pu faire grève, et non, tout le monde y a cru jusqu'au bout.

Nathalie Aubin, salariée

"On a été reçu par M. Edouard Philippe, par Hervé Morin, par Agnès Firmin-Le Bodo", pointe Michelle Liot, membre du CSE. "Ils nous ont dit qu'ils feraient tout pour ne pas que le site ferme. Je suis en colère, parce qu'on a vraiment cru qu'on allait au moins laisser une chance au repreneur. Le juge en a décidé autrement. J'espère que nos élus vont nous souvenir comme ils nous l'ont promis."

Clap de fin, donc, pour l'entreprise tricolore, partie intégrante du patrimoine industriel havrais. Prochaine étape pour les salariés, âgés en moyenne de 47 ans, la mise en route du PSE (plan de sauvegarde de l'emploi), pour ceux qui l'acceptent.

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