Un fonctionnaire de police a été placé en garde à vue par l'IGPN au commissariat d'Ajaccio le 16 février, suspecté d'avoir fourni des informations ayant permi l'évasion de trois membres supposés du "Petit Bar" en septembre dernier. L'homme a été remis en liberté vers 23h sans aucune charge retenue.
La justice a-t-elle identifié l’indicateur de la bande dite du "Petit Bar"?
Dans son édition du mardi 16 février, le quotidien Le Monde indiquait que les enquêteurs de l’inspection générale de police nationale (IGPN) auraient mis la main sur une personne qui pourrait être "la taupe" de la bande criminelle : un ancien fonctionnaire de la police judiciaire, désormais attaché au service de la sécurité publique.
Le fonctionnaire, suspecté d’avoir permis à trois membres supposés de la bande criminelle d’échapper à leur interpellation par la police le 28 septembre dernier, a été placé en garde à vue à 15h, mardi 16 février. Il y a été entendu par les hommes de l’IGPN, avant d’être remis en liberté aux alentours de 23h, "sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui", précise son avocat, Me Antoine Vinier Orsetti.
Une garde à vue "regrettable" selon son avocat
"Mon client a très mal vécu cette garde à vue, et j’ai fait part de mon étonnement et de ma stupéfaction aux enquêteurs que son interpellation dans l’urgence ait été ainsi déclenchée à la suite de la parution dans la matinée d’un article du Monde", indique le conseil du fonctionnaire.
Pour Me Antoine Vinier Orsetti, l’interpellation et le placement en garde à vue de son client n’avait pas lieu d’être. "Cet homme aurait dû être entendu tout simplement, et s’il y avait eu besoin de plus s’appesantir sur des sujets, il aurait alors pu faire l’objet d’un placement en garde à vue. Je trouve regrettable qu’un article de presse suffise à dicter la procédure judiciaire."
Je trouve regrettable qu’un article de presse suffise à dicter la procédure judiciaire.
Pour son avocat, les doutes se seraient portés sur le policier en raison d’une relation amicale qu'il entretiendrait "avec une personne qui n’a rien à voir avec ces affaires". Il s’agirait de Jean-Laurent Susini, beau-frère de Jacques Santoni, présenté comme le chef du gang ajaccien.
"Très affecté" par cette mise en cause, le fonctionnaire aurait décidé de prendre quelques jours de repos, avant de revenir travailler "normalement", puisqu’il est en l’état "parfaitement libre de ses faits et gestes".
La police judiciaire dessaisie
Pour rappel, le 28 septembre dernier, un coup de filet organisé par la police judiciaire dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’assassinat contre Guy Orsoni en septembre 2018 s’était conclu sur un fiasco opérationnel, avec la fuite de trois membres supposés de la bande dite du Petit Bar : André Bacchiolelli, Pascal Porri et Mickaël Ettori. Un échec qui avait été suivi du dessaisissement de la police judiciaire des enquêtes visant le Petit Bar, au profit de la section de recherches de la gendarmerie.
Selon Le Monde, le fonctionnaire de police aurait eu un rendez-vous quelques jours avant les interpellations du 28 septembre avec Jean-Laurent Susini. Une coïncidence jugée troublante par les enquêteurs.
En 2014, le policier en question avait déjà été suspecté de renseigner des suspects dans l’affaire concernant des tirs de roquettes contre les gendarmeries d’Ajaccio et de Bastia, selon le Monde. Le juge antiterroriste Gilbert Thiel avait alors dessaisi la police judiciaire de l’enquête. Me Antoine Vinier Orsetti, alors déjà conseil du policier, relève que le dossier n’a "rien à voir" avec cette nouvelle affaire, et que son client "avait alors été entendu sans qu’aucune sanction administrative ne soit prise".