Deux semaines après la mise en examen de neuf personnes présumées membres du Petit Bar dans le cadre de l'enquête visant les finances occultes de la bande ajaccienne, l'homme d'affaires Jean-Pierre Valentini a également été mis en examen. Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Nouvelle mise en examen dans l’affaire des finances du "Petit Bar". Ce mercredi 3 février, l'homme d'affaires Jean-Pierre Valentini a été mis en examen pour blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs. Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec une caution à verser de deux millions d'euros.
Cette mise en examen est la dixième de l’affaire. Menée par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, l'enquête vise à faire la lumière sur les investissements occultes de la bande dite du Petit Bar.
Mi-janvier, une vague d’interpellations par les gendarmes de la section de recherches, assistés des équipes d’intervention du GIGN et du PSIG avait entraîné la mise en examen de huit personnes présumées membres du Petit Bar, auxquelles s'est rajoutée une neuvième personne.
Les enquêteurs soupçonnent des blanchiments d'argent sale qui porteraient, selon des chiffres avancés par le quotidien Le Monde, sur un total de 48 millions d'investissements offshore et immobiliers.
Jean-Pierre Valentini est un homme d’affaires multimillionnaire d’origine cortenaise et une connaissance d'Antony Perrino
Neuf personnes, dont le chef présumé de la bande Jacques Santoni et l’ex-PDG de Corse Matin Antony Perrino, tous les deux placés en détention provisoire, avaient d’ores et déjà été mises en examen pour des faits de blanchiment en bande organisée, extorsion en bande organisée, association de malfaiteurs et non-justification de ressources.
Jean-Pierre Valentini est le dixième mis en examen. Selon Le Monde, un apport de 1,2 million d’euros effectué par Jean-Pierre Valentini fait l’objet d’attentions particulières. L’homme d’affaires multimillionnaire d’origine cortenaise, ancien directeur général Afrique de la multinationale pétrolière Trafigura, qui s’est un temps exilé aux Emirats arabes unis, connaît d’ailleurs bien un autre mis en cause, Antony Perrino.
En 2018, les deux voulaient construire un micro-hôtel de luxe sur l’île de Cavallo. Un projet finalement avorté lorsque la Collectivité de Corse a racheté la parcelle sur lequel cet hôtel devait être construit.
Cinq suspects placés en détention provisoire
Dans l’affaire, cinq des suspects ont été placés en détention provisoire : parmi eux, Jacques Santoni, présenté comme le chef présumé de la bande criminelle ajaccienne. Lourdement handicapé, cet homme de 42 ans a été emprisonné à l’UHSI (Unité hospitalière sécurisée interrégionale) de l’hôpital Nord de Marseille. Antony Perrino, l'ex-PDG de Corse-Matin, a lui été placé en détention à Aix-en-Provence le 28 janvier.
Également mis en examen et écroués dans ce dossier, Sonia-Susini-Santoni, épouse de Jacques Santoni et son frère Jean-Laurent Susini. Selon le quotidien Le Monde, Jean-Laurent Susini, heureux gagnant de 4,6 millions d’euros au Loto, aurait accepté de déclarer sa sœur co-gagnante. Il lui aurait cédé la moitié de ses gains contre un remboursement en espèces. Sollicités par France 3 Corse ViaStella, leurs conseils n’ont pas non plus souhaité répondre à nos questions.
Stéphane Raybier, présenté lui aussi comme un membre présumé de la bande dite du "Petit Bar", a été mis en examen et placé en détention. Tout comme Stéphane Francisci, suspecté d’avoir favorisé les investissements occultes des membres présumés du gang ajaccien.
Trois hommes toujours recherchés
Jacques Santoni et ses proches ne sont pas les seuls à se trouver dans le viseur de la JIRS : André Bacchiolelli, Pascal Porri et Mickaël Ettori, suspectés d’être eux aussi des piliers du Petit Bar, sont activement recherchés par les gendarmes. Les trois hommes avaient échappé à leur interpellation par la police le 28 septembre dernier.
Cette vague d’interpellations intervient dans un contexte très tendu : après les interpellations manquées de Pascal Porri, Mickaël Ettori et André Bacchiolelli, les soupçons se sont portés sur la police judiciaire de Corse. Le numéro 1 du service a été muté et les numéros 2 et 3 sanctionnés par une suspension de leur habilitation d’officier de police judiciaire.
Après ce fiasco opérationnel, la police judiciaire avait été dessaisie des enquêtes visant les membres présumés de la bande criminelle dite du Petit Bar, au profit de la section de recherches.
Il s’agit donc de la première opération de grande ampleur menée par les gendarmes. Une action qui a par ailleurs été saluée sur les réseaux sociaux par le collectif anti-mafia A Maffia Nò, a vita iè.