Face à la tension des urgences, les médecins et personnels de l’hôpital d’Ajaccio ont tenu ce lundi 17 juillet une conférence de presse. Délocalisée au cabinet du Dr Laurent Carlini, elle avait pour but d’alerter sur les différentes problématiques des urgences durant la saison estivale.
« On va prioriser les urgences, les vraies urgences. » lance Bianca Fazi médecin urgentiste et conseillère exécutive en charge de la santé.
Ils étaient une dizaine ce lundi matin au cabinet de Laurent Carlini. Médecins, personnels médicaux et paramédicaux ont tenu à alerter le grand public sur les problématiques rencontrées dans les services d’urgences de Corse à la saison estivale.
« Il y a un afflux de population, et qui dit afflux de population dit mise en tension de nos établissements » indique Laurent Carlini, médecin urgentiste. « Nous avons une carence en effectifs médicaux, à laquelle s’ajoute un épuisement des personnels médicaux et paramédicaux » continue le médecin. Son confrère Jérôme Colonna d'Istria rebondit : "ce manque d'effectifs est pourtant inédit. Au lieu d'être cinq médecins pour accueillir la patientelle comme l'an dernier, nous ne serons plus que trois cette année jusqu'au 1er septembre."
Peu de solutions viables
Face au manque de personnels, tout un chacun se rajoute sur les plannings « bien au-delà de nos possibilités » explique le Dr Carlini. La solution provisoire vient des médecins et personnels médicaux libéraux. Ces derniers viennent en appui et proposent dans leurs cabinets des organisations pour répondre à la demande des opérations reprogrammées. À cela s’ajoute l’aide de SOS Médecins comme les étés précédents.
Mais Laurent Carlini va plus loin. Il faut que les patients viennent pour de bonnes raisons uniquement : « Il faudrait diminuer un peu la consultation, qu’on appelle communément « bobologie » : angines, piqûres de tiques, de moustiques ou coups de soleil. Il faudra peut-être se dire que les temps d’attente seront plus longs. Le but aux urgences est de répondre aux urgences qu’elles soient absolues ou relatives en protégeant la population mais aussi les équipes soignantes et nous-mêmes. »
"C'est un appel à la population. Les patients qui se présentent avec une pathologie dite bénine, soit ils trouveront porte close, soit ils seront réorientés par les personnels vers des structures annexes, soit ils devront attendre des délais très prolongés. On doit s'adapter pour accueillir les vraies urgences, les urgences vitales, qui ont besoin de prises en charges urgentes." ponctue Jérôme Colonna d'Istria.
La loi Rist en toile de fond
L’autre élément que veulent mettre en avant les urgentistes, est le manque de recul sur la loi Rist. Ce texte permet aux patients d’accéder aux infirmiers en pratique avancée et aux kinésithérapeutes notamment, sans passer par un médecin. Le second principe de cette loi est d’encadrer la rémunération des intérimaires qui effectuent des missions dans les hôpitaux. Depuis l’adoption de cette loi en mai dernier, « on rajoute une couche sur une couche avec la loi Rist qui fait qu’il y a un départ des intérimaires vers les structures privées. C’est quand même très surprenant de la part du gouvernement, de faire entrer cette loi en vigueur en amont de la saison estivale » conclue Laurent Carlini.