Emmanuel Macron se rendra en Corse, le 6 février prochain, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac. Une cérémonie à laquelle pourrait assister la veuve du préfet de Corse.

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Vingt ans après les faits, trois hommes sont toujours emprisonnés pour l'assassinat du préfet Claude Erignac à Ajaccio, dont Yvan Colonna, condamné à trois reprises à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir abattu le haut fonctionnaire - des faits qu'il a toujours niés.

Le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni a souhaité qu'un "hommage commun" soit organisé à la mémoire de l'ensemble de ceux qui ont perdu la vie" lors du "long conflit corse" et réitéré qu'il ne participerait pas à cette cérémonie d'hommage.

La veuve et les enfants du préfet Claude Erignac ont été reçus il y a quelques jours par le président de la République.

Selon nos informations, la veuve du préfet de Corse, Dominique Erignac, devrait accompagner Emmanuel Macron à Ajaccio où un monument sera inauguré sur les lieux de l'assassinat du préfet. Une place sera également rebaptisée "place Claude-Erignac".


Le meurtre de Claude Erignac

Le soir du 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude Erignac meurt sous les balles d'un tueur qui lui tire dans le dos, dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rendait à pied au théâtre.

Il est atteint de trois projectiles de calibre 9 mm dont l'un tiré dans la nuque à bout portant et deux dans la tête pour l'achever à terre. L'arme, un pistolet Beretta, abandonnée sur place, avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio.

L'assassinat du préfet provoque une onde de choc. Les jours suivants, des dizaines de milliers d'insulaires expriment leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.


L'enquête dans le milieu nationaliste

Un groupe anonyme revendique l'assassinat du préfet le 9 février. L'enquête fait fausse route dans un premier temps. Deux militants nationalistes sont interpellés et passeront de longs mois de prison, avant d'être relâchés. Le 30 juin 2016, une juge antiterroriste prononcera un non-lieu général bénéficiant à 31 personnes.

Le 27 mars 2017, l'Etat est condamné pour "faute lourde" à verser 100.000 euros de dommages et intérêts à neuf personnes, mises en examen en 1998.

Le 21 mai 1999, quatre hommes sont arrêtés et passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l'homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d'être le tireur.


Le procès du "Commando Erignac"

Sept nationalistes sont mis en examen fin mai: Pierre Alessandri, Vincent Andriuzzi, Alain Ferrandi, Marcel Istria, Didier Maranelli, Martin Ottaviani et Joseph Versini. Un huitième, Jean Castela, est mis en examen le 2 décembre 1999.

Ils comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre d'entre eux mettront Yvan Colonna hors de cause.

Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont condamnés à perpétuité pour assassinat, les autres à des peines de 15 à 30 ans pour complicité. Vincent Andriuzzi et Jean Castela, présentés par l'accusation comme les "théoriciens", feront appel et seront acquittés en 2006.


Yvan Colonna, tireur désigné

Yvan Colonna est arrêté le 4 juillet 2003 dans une bergerie près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud). Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n'avoir "jamais tué" personne, est condamné, le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité.

La cour motive notamment sa décision par les mises en causes des autres membres du commando et de leurs épouses. "Yvan Colonna a tenu le rôle du tireur lors de l'assassinat", a jugé la cour.

II se pourvoit en cassation, un pourvoi rejeté le 11 juillet 2012 qui rend sa condamnation définitive. Il saisit ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme qui juge le 8 décembre 2016 irrecevable sa requête pour violation de sa présomption d'innocence.

A ce jour, Yvan Colonna est inscrit sur le registre des détenus particulièrement signalés (DPS), une inscription qui a déjà fait l'objet de plusieurs recours, sans succès.
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