Philippe Meynier, éleveur sur la commune d'Antisanti, est candidat sur la liste "Europe Territoires Écologie". Une démarche soutenue par Fançois Alfonsi, eurodéputé sortant et président de "Régions et Peuples Solidaires".
Les élections européennes se dérouleront le 9 juin prochain.
Sur l'île, la campagne peine à démarrer. Parmi les raisons de ce manque d'intérêt, la faiblesse du nombre de candidats corses sur les différentes listes.
La liste "Europe Territoires Écologie" compte un "paysan corse", comme aime à se présenter Philippe Meynier. Une liste soutenue par Fançois Alfonsi, eurodéputé sortant et président de "Régions et Peuples Solidaires" (RPS), mais pas tout à fait par le bloc nationaliste, dont il fait pourtant partie.
Florence Antomarchi : Philippe Meynier, pourriez-vous vous présenter ?
Philippe Meynier : Je suis éleveur sur la commune d'Antisanti, installé depuis 1993. Après un passage en faculté, je suis entré dans une démarche militante de revenir faire de l'élevage dans notre pays. Aujourd'hui, je suis représentant national du Collectif des races locales de massif (Coram), très impliqué dans la politique de défense des races locales, de leur territoire et de leur système d'exploitation. Et j'ai été “récupéré” par Guillaume Lacroix lors du salon de l'agriculture, avec une proposition qui me paraissait intéressante, c’est-à-dire de représenter la société civile et le monde paysan en étant cinquième sur la liste, donc potentiellement éligible.
Votre tête de liste, Guillaume Lacroix, porte une affiliation au Parti radical de gauche (PRG) qui pourrait être contradictoire avec le cœur de votre électorat nationaliste. Quelles sont les idées fortes que vous portez dans cette campagne ?
Je n’ai pas participé à l'Alliance RPS-PRG. J'ai rencontré Guillaume Lacroix, qui est le premier homme politique à se prononcer avec son parti sur une volonté de rentrer dans le processus d'autonomie pour la Corse. C'est quelque chose qui m'a séduit. Par ailleurs, son discours sur la ruralité m'a conduit naturellement à m'engager à ses côtés.
Que défendrez-vous si vous entrez au Parlement européen ?
Une reconnaissance des systèmes d’élevage, d'exploitation, de la particularité de la Corse, qui est une île montagne, avec tout ce que cela comporte concernant la gestion de l'agriculture. Je vous rappelle que la politique agricole commune (PAC) est la seule politique qui est aujourd'hui mutualisée sur tout le territoire européen. Nous avons donc le devoir parce que la nécessité, de nous impliquer sur cette politique-là, sa gestion actuelle, sa réévaluation à mi-parcours et la conceptualisation d'une nouvelle politique où nous allons faire reconnaître notre système d'exploitation. Et pas que sur l'élevage d'ailleurs. Plutôt que d'essayer de rentrer systématiquement dans les cases de la PAC, essayons d'amener la PAC dans nos corps de ferme pour qu'on puisse avoir un dispositif qui correspond réellement à la réalité de nos territoires.
Le slogan de votre liste, c’est "l'Europe qui protège". De quoi protège-t-elle ?
De tout ce qui peut se passer à l'extérieur. Concernant la gestion de la guerre, c'est quand même parce qu'il y a l'Europe qu'on se sent peut-être en sécurité. On voit bien qu'aujourd'hui un pays seul face à une telle problématique ne pèserait pas grand-chose. Et moi, sur ce qui m'intéresse le plus, j'ai dû payer pour savoir que lorsqu'on a une politique sanitaire, par exemple sur les animaux, sur une campagne de vaccination ou autre chose qui n'est pas harmonisée d'un point de vue européen, cela devient un problème. C'est un facteur qui empêche radicalement de pouvoir continuer à travailler sur nos exploitations.