Le projet d’un contrat local pour mieux lutter contre les violences conjugales se construit à Porto- Vecchio autour de la clinique de l'Ospedale. Pour sensibiliser la population à cette problématique, l'établissement a invité une troupe de théâtre spécialisée sur ces questions.
« Osez brisez le silence!! » est le titre de la pièce de théâtre jouée au centre culturel de Porto-Vecchio, en présence, notamment, de l'ensemble des acteurs institutionnels et associatifs de la micro-région qui travaillent sur la question des violences conjugales.
« En Corse et dans les régions rurales, s'est souvent compliqué de parler de ces problèmes. Je trouve ça très bien, ça dédramatise peut-être un peu et ça permettra aux victimes d’aborder ça différemment et de se sortir du carcan de la honte qu’elles peuvent parfois ressentir et d’aller vers les professionnels qui peuvent les aider », estime Déa Foata, directrice mission locale Sud Corse.
De plus en plus de plaintes
Cette partie du territoire, soit 44 communes qui composent l'arrondissement de Sartène, est très concernée par la question des violences conjugales.
De plus en plus d'appels, de plaintes, notamment depuis le meurtre de Julie Douib, au mois de mars, à l'Île-Rousse. « Actuellement, nous recevons deux à trois victimes par semaine. Elles viennent parce qu’elles subissent des violences au domicile et qu’elles ne veulent plus y rester. Elles viennent chercher des solutions pour être mises à l’abri », explique Véronique Bouffard, cadre sage-femme, référente violences conjugales clinique de l'Ospedale.
« Elles viennent chercher de l’aide »
Plus de femmes, donc, qui se rendent au service des urgences de la clinique de l'Ospedale, avec un accompagnement spécifique. « Nombreuses verbalisent qu’elles ont peur d’être tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Elles viennent vraiment chercher de l’aide », reprend Véronique Bouffard.
Avoir une attitude bienveillante et respectueuse, ne pas minimiser les faits, dire que la patiente est victime. En clair : savoir écouter en professionnelle. « Bien souvent, quand les victimes se présentent elles viennent sous un autre motif de consultation. C’est en voyant son attitude, ou les silences, ou les pathologies qu’elle peut présenter que l’on va poser la question : ‘Subissez-vous des violences qu’elles soient physiques, psychologiques, sexuelles ou autres ?’ C’est en prenant le temps de se poser à côté de la victime qu’elle va se confier et qu’elle va commencer à parler », continue Véronique Bouffard.
Moyens financiers
Créer une véritable cellule d'accueil, des hébergements supplémentaires pour accueillir également les enfants, tout ceci demande de nouveaux moyens. « Les moyens financiers sont assez rares. Pour l’instant, ce n’est pas grave. On va démarrer, apporter, j’espère avec l’ensemble des partenaires, la preuve d’une utilité de la démarche qui est la nôtre et j’ai bon espoir d’un soutien de la part des pouvoirs publics », indique Renaud Mazin, directeur clinique de l'Ospedale.
Néanmoins, le contrat local devrait être signé prochainement avec la présence d'un ou d'une ministre. Quant aux chiffres des féminicides, depuis le premier janvier, sur l'ensemble du territoire, une femme est tuée par son compagnon ou ex compagnon tous les deux jours.