Les deux derniers Frères franciscains de Sartène viennent d'être rappelés au Mexique. Un événement qui inquiète les fidèles de la région et qui pourrait mettre un terme à huit siècles d'histoire religieuse insulaire.
Après le départ d'un premier Frère en janvier, les Père Eduardo et Frère Raudel, les deux derniers Franciscains du couvent de Sartène sont rappelés au Mexique. Date de départ : le 13 juin prochain.
"Dans le monde entier, il y a un manque de vocation. Et avec ce qu'il se passe avec la situation sanitaire, on a été touché au Mexique. Quelques frères sont malades, ou morts. Alors on nous demande de rentrer pour renforcer notre mission au Mexique", explique le Père Eduardo.
Une nomination vers le 1er septembre ?
Si l'Église de Corse a d'ores et déjà annoncé, dans un communiqué, qu'elle est en quête d'une nouvelle communauté franciscaine, de nombreuses questions restent en suspens. Le Père Eduardo et le Frère Raudel célèbrent les messes dans une trentaine de paroisses et logent, comme tous les franciscains depuis le XIXe siècle, au couvent Saint-Damien dont l'avenir est incertain.
Sur ces points, l'administrateur diocésain de l'Église catholique de Corse, Père Jean-Yves Coeroli se veut rassurant. "La nomination devrait intervenir le 1er septembre, et pour répondre à cette demande, on pense se diriger vers le clergé. Une fois que nous aurons trouvé cette communauté franciscaine, elle pourrait s'installer au couvent Saint-Damien. Quant à la période estivale, des prêtres de notre île se sont déjà portés volontaires et on peut espérer l'aide de prêtres qui viendraient en vacances", a-t-il déclaré, samedi 20 février, sur le plateau du Corsica Sera.
Une page de huit siècles se tourne
Avec le départ des Franciscains, c'est une page de huit siècles qui se tourne. Les premiers Frères sont arrivés à Sartène en 1630, expulsés lors de la Révolution, période où le couvent est transformé en caserne, les Franciscains font leur retour dans l'île en 1830.
Au fil des années, leur présence s'est patrimonialisée dans la ville. C'est aux Franciscains que les Sartenais doivent, notamment, le Catenacciu importé à l'époque du roi d'Aragon. "La présence franciscaine en Corse est une richesse, d'abord parce que l'esprit de Saint-François représente toute l'histoire religieuse de l'île depuis le XIIIe siècle et puis aussi pour simplement avoir une présence religieuse dans l'île", souligne le Père Jean-Yves Coeroli.
Semaine Sainte
À presque un mois de la Semaine Sainte, les yeux se tournent lentement vers Sartène, ses processions et son Catenacciu. Les confréries ont déjà fait savoir qu'elles souhaitaient les voir organiser.
L'administrateur diocésain de l'Église catholique de Corse se veut plus prudent. "Nous sommes tiraillés, car il faut respecter les consignes sanitaires et de l'autre côté, on voudrait faire nos processions. Mais tout ceci pourrait se régler avec un dialogue avec les autorités civiles que je souhaiterais rencontrer en préfecture", note-t-il.
Quant au remplacement des Frères de Sartène, selon les dires du Pères Jean-Yves Coeroli, des pourparlers auraient débuté avec une communauté franciscaine du Mexique.