Incité par la Chancellerie à accentuer la lutte contre le trafic de stupéfiants, le parquet d'Ajaccio se félicite d'une "augmentation des saisies des avoirs criminels" au cours de l'année écoulée.
"Ces nombreuses saisies, en hausse par rapport à l'année précédente, traduisent l'efficacité et la mobilisation toute particulière des services d'enquête et du GIR".
Mardi 9 avril se tenait le comité de pilotage régional du GIR, le groupe d'intervention régional, "chargé de procéder dans le cadre des enquêtes judiciaires, aux saisies des avoirs criminels sous l’autorité des magistrats du parquet et des magistrats instructeurs dans le département".
Une réunion qui a été l'occasion, pour Nicolas Septe, le procureur de la République d'Ajaccio, de tirer un bilan de la lutte contre le trafic de stupéfiants en Corse-du-Sud, un an après la circulaire de politique pénale territoriale du garde des Sceaux, qui incitait à "intensifier toutes les formes de saisies des avoirs criminels".
3 millions d'euros de saisies
Pour l'année 2023, dans les 24 dossiers suivis par le GIR, Nicolas Septe chiffre le montant des saisies (véhicules et montres de luxe, biens immobiliers et numéraire) à un peu plus de trois millions d'euros.
Parmi les affaires traitées au cours de l'année écoulée, le procureur de la République a choisi de mettre en avant deux affaires que, on l'imagine, il estime révélatrices du travail effectué sur le terrain :
- La première remonte au mois d'août 2023.
"À l’occasion de cette enquête judiciaire, il aura été procédé à l’interpellation avec la DTPJ d’Ajaccio de 7 trafiquants de stupéfiants et à la saisie de 93 kilos de résine de cannabis ainsi que 7 kilos de cocaïne. Le réseau démantelé implanté en Plaine Orientale irriguait la Haute-Corse, la région ajaccienne et l’extrême Sud. Les 7 individus ont été écroués. Il aura été saisi quatre véhicules dont le Porsche Cayenne ayant servi au transport des stupéfiants. Trois autres individus ont été écroués en novembre dans le cadre de ce dossier".
- Concernant la seconde, le magistrat ne donne pas de date.
"Le GIR aura avec les gendarmes de la SR d’Ajaccio procédé à l’interpellation de 8 individus dans le cadre du volet blanchiment d’une affaire de trafic de stupéfiants. Trois individus auront été écroués et il aura été saisi plus de 100 000 euros d’avoirs criminels".
Travail d'équipe
Nicolas Septe met également en avant "l'étroite collaboration technique avec l’antenne de l’AGRASC de Marseille nouvellement créée pour monter les dossiers solides de saisie des avoirs criminels. Le rôle de conseil de cette antenne et leur réactivité nous auront permis d’augmenter sensiblement le chiffre global des saisies en 2023".
En matière de saisie des avoirs criminels, "le parquet a décidé d’adopter une stratégie consistant à cosaisir les enquêteurs spécialisés du GIR, dès le début des enquêtes les plus sensibles en matière de trafic de stupéfiants, de travail dissimulé ou de blanchiment des avoirs criminels. Un volet économique et financier est donc adossé à l’enquête pénale classique pour mieux identifier les différents avoirs indûment acquis".
En conclusion, le procureur de la République rappelle qu'une "proposition de loi adoptée en décembre 2023 modifiant l’article 131-21 du Code pénal devrait permettre de faciliter les confiscations des avoirs criminels saisis au cours des enquêtes judiciaires".
Le message est clair : alors que la drogue, sur l'île, reste un problème majeur, la justice entend faire savoir qu'elle est en ordre de marche pour lutter contre le trafic.