Amaury de Saint-Quentin présentait ce lundi ses vœux en préfecture. Face aux fonctionnaires de l'Etat, chefs d'entreprises et représentants de la classe politique corse, le préfet de Région a notamment abordé l'épineux dossier des déchets, et est revenu sur une année politique tourmentée, marquée par l'ouverture d'un processus de discussions avec Paris.
Pour la première fois depuis sept ans, le préfet de Corse a présenté ses vœux aux "forces vives" de l'île. Dans un discours à la fois politique et technique, Amaury de Saint-Quentin est revenu sur les grands défis qui attendent la Corse en 2023.
Il a notamment fait part de deux annonces visant à "structurer [la] filière de collecte et de valorisation des déchets".
Plan déchets approuvé
La première, son approbation du nouveau plan territorial de planification et de gestion des déchets de la Collectivité de Corse. En février 2021, une première mouture du PRPGD avait été jugée non-recevable par la préfecture. Depuis retravaillé - et présenté en première lecture en avril de l'année dernière à l'Assemblée de Corse, occasionnant à ce titre nombre de critiques et interrogations des élus -, le rapport, long de 600 pages, reçoit cette fois-ci, "un avis favorable", a indiqué le préfet.
Seconde annonce et pas des moindres, son soutien pour le projet de création d'un premier centre de sur-tri à Monte, "permettant de réduire notre part de déchets ultimes, mais aussi de mieux les valoriser".
Inscrit dès 2021 dans le plan déchets de la Collectivité de Corse, l'infrastructure, imaginée sur un terrain de cinq hectares de la commune, viserait à réceptionner des déchets préalablement triés à la source qui, pour être valorisés au mieux, seront "sur-triés". Cela à raison de 100.000 tonnes d'ordures annuellement traitées. Coût estimé : plus de 60 millions d'euros.
Financement
Un ambitieux projet, pour lequel le Syvadec, le syndicat de valorisation des déchets de la Corse, avait récemment fait savoir attendre un signe de l'Etat, et notamment sa participation au financement.
Un appel du pied du président de l'institution Georges Gianni, tenu lors de la dernière assemblée annuelle du Syvadec, et alors rapporté par Corse-Matin : "Les demandes d'aides déposées auprès de l'ADEME et de l'OEC (Office de l'environnement de la Corse) en août ont été complétées et des dossiers seront prochainement déposés auprès du préfet de Corse et du président de l'Exécutif pour instruction complémentaire au titre du PTIC et des cofinancements de la Collectivité de Corse. Un niveau de financement de 80 % est attendu."
Les conditions de la Collectivité de Corse
Mercredi 25 janvier, dans un communiqué, le Conseil exécutif de Corse a expliqué sa position sur le projet, tout en détaillant les conditions de participation à son financement.
"Cette opération, pour être réalisée, nécessite un financement de 40% de l’Etat et de 40% de la Collectivité de Corse, pour un investissement d’un montant annoncé de 68 M€ HT, et un coût annuel de fonctionnement de 20 M€ par an", est-il précisé dans le texte.
L'Exécutif insulaire souligne que "l’avis favorable à ce projet, et a fortiori la participation à son financement, sous réserve de validation par l’Assemblée de Corse, sont conditionnés au respect des conditions clairement énumérées dans le projet de plan de la Collectivité de Corse".
Parmi celles-ci, "la priorité donnée au tri à la source", "le juste dimensionnement du centre de sur tri" ou encore le fait de "faire évoluer la gouvernance et la répartition des compétences en matière de gestion des déchets".
Un discours très politique
Après sept ans d’absence, cette cérémonie des vœux était aussi l'occasion pour la préfecture de renouer avec les traditions. Un rendez-vous tenu dans une atmosphère détendue, où se sont retrouvés fonctionnaires de l’Etat, chefs d’entreprises et représentants de la classe politique corse, essentiellement des maires.
Une cérémonie marquée par l’absence des conseillers territoriaux, toute obédience confondue (à droite, Xavier Lacombe, également maire de Peri, était présent), à l’exception d’un membre de l’Exécutif de Corse, Alexandre Vinciguerra, président de l’Agence de développement économique de la Corse, en service commandé, représentant le Président de l’Exécutif Gilles Simeoni. Aucun député ni sénateur n’était non plus présent.
Malgré tout on retiendra, au-delà des traditionnels messages au monde économique, aux forces de l’ordre ou aux pompiers, un discours très politique du préfet de Corse insistant particulièrement sur une nouvelle relation à établir entre l’Etat et l’île.
"Il nous appartient désormais d'écrire une nouvelle page, en portant un regard sur le présent comme sur notre avenir", a ainsi souligné le préfet.
Rappelant les événements de mars dernier en lien avec l’agression d’Yvan Colonna, reliant ceux-ci à l’assassinat du Préfet Erignac dont on honorera la mémoire dans deux semaines, il a souhaité que "tous ces événements inscrits dans nos mémoires ne soient pas prétexte à ébranler notre unité".
Je me félicite de la qualité des relations renouées entre l'Etat et la Collectivité de Corse
Amaury de Saint-Quentin, préfet de Corse
"Faisons en sorte de bâtir cette vérité ensemble, afin que prévale l'esprit de concorde et de responsabilité, a insisté le préfet de Région. C'est la volonté du Gouvernement qui a été rappelée par la Première ministre dans son discours de politique générale. Le processus de discussions engagé avec les principaux élus de Corse doit permettre d'identifier des solutions concrètes pour tous les Corses, notamment pour notre jeunesse, sur le travail, le logement, la transition écologique, le développement économique, la sécurité, mais également les questions institutionnelles. Un processus de discussions transparent, constructif et responsable, dont nous souhaitons tous qu'il puisse reprendre son cours dès que possible."
À cet égard, a-t-il poursuivi, "je me félicite de la qualité des relations renouées entre l'Etat et la Collectivité de Corse, du dialogue que nous entretenons au quotidien sur les grands enjeux structurants pour l'île, comme des partenariats que nous construisons au service de sa population et de chacun de ses territoires, dont aucun ne doit être laissé sur le bord du chemin. C’est pour moi une ligne directrice et je me réjouis de la savoir partagée par la Collectivité de Corse comme par les élus et acteurs de notre île."