Les nationalistes corses ont remporté dimanche un succès sans précédent en envoyant pour la première fois trois députés à l'Assemblée nationale, sur les quatre circonscriptions que compte l'île de Beauté.
Les leaders nationalistes Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni - à la tête de la Collectivité territoriale de l'île depuis le succès des nationalistes aux élections territoriales de 2015 - ont tous deux salué "une victoire historique".
« Ce qu’ont voulu dire les Corses c’est que les prochains députés de la Corse devaient être des représentants de la Corse à Paris et non pas des représentants des partis parisiens en Corse", a réagi le président de l’Assemblée de Corse.
Ils ont rejoint l'un des trois élus du jour, Michel Castellani, à l'ancienne mairie de Bastia, où ils ont lu les résultats et entonné l'hymne corse. Dans une ambiance de liesse, cette victoire a été saluée par quelques centaines de leurs sympathisants, agitant pour certains le drapeau corse.
Le mouvement "Pé a Corsica" ("Pour la Corse") a remporté les deux circonscriptions de Haute-Corse, Michel Castellani s'imposant dans la 1re (Bastia) et Jean-Félix Acquaviva dans la 2e. En Corse-du-Sud, où la victoire de "Pé a Corsica" était plus incertaine, Paul-André Colombani a raflé la circonscription de Bonifacio (2e) contre le député sortant LR Camille de Rocca Serra (44,78%).
Dans la deuxième circonscription de Haute-Corse, le président de l'office des transports Jean-Félix Acquaviva, 44 ans, a écrasé son adversaire Francis Giudici (REM) de près de 30 points, dans une circonscription tenue jusqu’alors par la gauche et son député emblématique Paul Giacobbi qui ne se représentait pas.
"C'est le rassemblement, l'union qui a porté ses fruits et nous a porté bien au-delà des seuls nationalistes".
Les nationalistes ont seulement été battus dans la 1re circonscription de Corse-du-Sud, où Jean-Jacques Ferrara (LR) a été élu au 2nd tour en battant la candidate REM Maria Guidicelli.
Ces résultats sont "un signe indiscutable de l'avancée de nos idées", a déclaré Michel Castellani (60,81% des voix). "Le président doit comprendre qu'il peut marquer d'une pierre blanche son mandat en étant le premier président à faire évoluer la situation en Corse".
Ce professeur d'économie septuagénaire a éliminé le député sortant LR Sauveur Gandolfi-Scheit, également maire de Biguglia. A Bastia notamment, devenu un bastion nationaliste depuis la victoire de Gilles Simeoni aux municipales de 2014, Michel Castellani a décroché 63,87% des suffrages.
"Une nouvelle page de l'histoire"
Gilles Simeoni, président de la collectivité territoriale corse, a dit avoir une pensée pour "celles et ceux qui se sont battus depuis des décennies". "Les Corses aujourd'hui ont très majoritairement décidé qu'il fallait que nous écrivions tous ensemble une nouvelle page de l'histoire de cette île", a-t-il estimé.
Pour Jean-Guy Talamoni, le président de l'assemblée de Corse, la vague nationaliste "va avoir par son ampleur des conséquences au-delà de la mer". "Je pense qu'à Paris, ils doivent se poser un certain nombre de questions ce soir, et se dire que d'avoir traité pendant un an et demi par le mépris, la décision des Corses en 2015, de ne pas avoir ouvert un dialogue sérieux avec les représentants de la Corse ça a été une faute politique majeure", a-t-il déclaré.
Aux élections territoriales de décembre 2015, les nationalistes avaient déjà remporté une victoire historique. Le résultat des législatives marque une nette progression par rapport à ce dernier scrutin, et bien sûr par rapport aux législatives de 2012, quand les nationalistes s'étaient qualifiés pour le second tour dans deux circonscriptions seulement.
Prochaine étape pour les nationalistes corses: le vote attendu à la fin de l'année pour la collectivité unique de Corse, qui doit voir le jour en 2018 de la fusion de la collectivité territoriale actuelle et des deux départements de l'île.