Ce mercredi 29 mars, à Ajaccio, le parti indépendantiste Corsica Libera a donné sa position quant au communiqué du FLNC publié le 21 mars. L’occasion de donner son avis sur les discussions entre Paris et la Corse sur l’avenir institutionnel de l’île.
Une "situation d’impasse" qui justifie une "situation où le conflit politique […] s’exprime, de nouveau, de manière active".
Devant la préfecture d'Ajaccio, ce mercredi 29 mars, Corsica Libera a réagi à "l’actualité" marquée par plusieurs opérations clandestines, notamment siglées GCC, ayant visé des maisons et des mairies.
"Une organisation politique, le FLNC, a rendu public un communiqué de nature politique et assumé la paternité de certaines actions, indique le parti indépendantiste. D’autres actes ont été constatés, par ailleurs, dont on ne connaît, pour l’heure, ni les auteurs ni les motivations. En pareilles circonstances, nous n’avons pas pour principe, ni pour habitude, de commenter des faits d’actualité au cas par cas. Nous considérons, pour notre part, que le rôle d’un parti politique responsable consiste à appréhender la situation de façon globale et de tracer des perspectives d’avenir pour la Corse et son peuple par la définition d’un projet politique."
Corsica Libera revient également plus précisément sur le communiqué du FLNC, publié le 21 mars dernier, dans lequel l’organisation clandestine revendique une quinzaine d’attentats.
"Lors de sa dernière assemblée générale, Corsica Libera a réitéré le principe d’une solidarité politique avec le FLNC, c’est-à-dire avec des Corses qui ont choisi un autre chemin de lutte que le nôtre, mais avec lesquels nous partageons une certaine idée de la Corse. […] Cette solidarité s’applique aujourd’hui dans une situation où le conflit politique que connaît la Corse depuis plusieurs décennies n’a trouvé aucune issue", estime le parti indépendantiste.
La "stratégie du chaos" couplée à une "stratégie de connivence"
Cette situation serait la "conséquence logique de choix politiques opérés à Paris, mais aussi en Corse". Ainsi, "à Paris, l’État français a choisi et assumé la stratégie du chaos alors que tous les voyants étaient au vert pour s’engager dans une solution politique historique suite à l’initiative de paix du FLNC [soit le processus de démilitarisation progressive à partir de 2014 ndlr.] et à l’expression claire de la démocratie corse qui avait permis l’accession au pouvoir d’une majorité nationaliste".
Et parallèlement "en Corse, où la stratégie de l’actuelle majorité territoriale n’offre aucune perspective politique alors que celle-ci est entrée consciemment dans une démarche de connivence avec Paris en prenant la responsabilité de rompre une démarche d’unité nationale et en avalisant les différentes ‘lignes rouges’ imposées par l’État français dans le cadre d’une parodie de processus dont la Corse et son peuple sont de facto exclus".
Pas de "processus historique" sans la "prise compte de l’existence d’un peuple"
Ainsi des problématiques qui traversent la Corse - "spéculation immobilière", "argent roi", "accélération d’une colonisation de peuplement", "l’extinction programmée d’une langue", "la constitution d’une société corse à deux vitesses" - nourrissent une "légitime révolte".
Pour Corsica Libera, "les élus qui se revendiquent de la lutte nationale", doivent dorénavant "signifier clairement au gouvernement français qu’il ne saurait y avoir de "processus historique" sans prise en compte de l’existence d’un peuple et de son refus obstiné de disparaître. Cette condition est la garantie d’une avancée politique et d’une paix véritable ».
Le parti indépendantiste rappelle son positionnement et son "niveau d’exigence". Il propose un projet de résolution en 10 points : la libération des prisonniers politiques et l’arrêt des poursuites, la reconnaissance des droits du peuple corse, la dévolution du pouvoir législatif, la coofficialité de la langue, la citoyenneté corse, le statut fiscal et social, la justice sociale, l’urgence écologique, le droit à la santé et l’abolition des "lignes rouges" par l’abrogation du protocole du 17 mars.
En marge de la conférence de presse, Petru Antone Tomasi a répondu aux questions de France 3 Corse :