Le président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse estime avoir été lésé lors de la répartition du nombre d'élus insulaires, et dénonce des manœuvres de l'Exécutif insulaire "tendant vers l'hégémonie". Les autres présidents affirment que les règles ont toujours été claires.
"Parler d'une même voix", "présenter un front uni face au gouvernement". Le mot d'ordre était clair, au sortir des réunions de préparation des élus insulaires, ces dernières semaines.
La rencontre parisienne d'aujourd'hui n'est pas terminée, et on en ignore encore la teneur, mais pour le front uni, on repassera.
Jean-Christophe Angelini, le président du groupe Avanzemu, pourtant présent à Paris, n'a pas pris part à la réunion. Conséquence, la seule représentante du groupe est Josepha Giacometti Piredda, apparentée Avanzemu, mais membre de Corsica Libera...
La raison, de prime abord, c'est un problème d'arithmétique.
2, ou 3 ?
Dans un communiqué de presse, Avanzemu s'explique : "la composition de la délégation avait été arrêtée en conférence des Présidents, sur la base de deux élus par groupe (et non d'un seul, comme annoncé initialement). C'est donc légitimement qu'Avanzemu a proposé deux de ses membres, en plus de Josepha Giacometti, élue apparentée et intégrée dès les tous premiers échanges, à l'initiative du Conseil Exécutif".
Le problème, c'est que, de facto, Avanzemu aurait eu trois élus présents à la réunion, contre deux pour les autres groupes. L'équation semblait difficile à résoudre. On image mal Corsica Libera prêt à renoncer à son siège à Paris, et Jean-Christophe Angelini laisser Xavier Luciani, prévu initialement, sur le palier de l'hôtel de Noirmoutier.
"Manœuvres"
Et pourtant. Selon le communiqué d'Avanzemu, les organisateurs auraient accepté, dans un premier temps, que trois élus du groupe soient présents, et le cabinet de Gilles Simeoni en aurait été informé. Avant que, ce matin, toujours selon le communiqué, "une nouvelle conférence des Présidents (...), amputée de plusieurs élus, décide de refuser l'accès de la réunion" à Xavier Luciani.
D'où le retrait de Jean-Christophe Angelini. "Il ne s'agit ni d'un geste de défiance, ni d'une manifestation d'hostilité, mais du fait de récuser des manœuvres tendant, une nouvelle fois, vers l'hégémonie".
"A ce stade, et sans surenchère d'aucune sorte, nous laissons les Corses seuls juges de tout ceci", conclut le communiqué. Au final, seul Paul-André Colombani, proche de Jean-Christophe Angelini, a représenté le PNC face au gouvernement. Le député de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud s'est bien gardé de faire le moindre commentaire sur la situation à la sortie de la réunion, se contentant d'un bref "on verra ça en Corse".
La présidence de l'Assemblée de Corse, "en accord avec le Président du Conseil exécutif, les Présidents des groupes Fà Populu Inseme, Un Soffiu Novu et Core in Fronte", n'a pas tardé à réagir.
"Alourdir la délégation"
Dans un communiqué de presse, elle rappelle que "la conférence des Présidents a acté à trois reprises que chaque groupe serait représenté par deux élus, plutôt que par un seul, proposition initiale du gouvernement. Ce choix visait notamment à permettre aux petits groupes de l'Assemblée d'avoir une représentation efficiente dans le processus long qui s'ouvre, sans alourdir la délégation. En application de cette décision, les groupes Fà populu Inseme (32 élus) et Un Soffiu Novu (17 élus) ont accepté de ne pas être représentés de façon proportionnelle. Malgré cet accord unanime, le Président d’Avanzemu a annoncé hier [mercredi 20 juillet - NDLR] son souhait que trois représentants de son groupe soient présents et ce, sans en informer la Présidence de l’Assemblée de Corse ni la conférence des Présidents. Considérant que cette façon de procéder remettait en cause la décision prise en commun, la Conférence des Présidents, réunie ce matin [jeudi 21 juillet - NDLR] à 11h, a décidé de maintenir le choix initial de deux représentants par groupe".
A aucun moment, il n'est fait mention d'un quelconque accord des organisateurs, et d'échanges à ce sujet avec "le directeur du cabinet du président du Conseil exécutif", comme évoqué dans le communiqué d'Avanzemu...
Pour le front uni, on repassera...