Eric Zemmour à Ajaccio : entre tensions et nation

Le second jour du déplacement en Corse du polémiste a été marqué par des heurts sur le port d’Ajaccio et par une réunion publique aux allures de meeting de campagne.

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La veille, à Sartène, le ton était déjà monté. Sans dégénérer. Là, devant le port Tino Rossi d’Ajaccio, il y a d’abord eu les invectives, puis les coups. 

Samedi 9 octobre, quelques minutes avant qu’Eric Zemmour tienne sa réunion publique, des échauffourées éclatent entre ses partisans et des militants du parti indépendantiste Core in Fronte. S’étant fait traiter de "Français", un groupe de sympathisants ajacciens du polémiste franchit la barrière pour en découdre. La brève altercation est stoppée par l’intervention des CRS. "On n'a aucune leçon de corsitude à recevoir de personne", entend-on du côté des pro-Zemmour.

La tension retombe mais pas les slogans. "Fascisti fora !", scande un camp, dans lequel se trouvent également des syndicalistes et des militants de gauche. "Honte à vous ! Cassez-vous les gauchistes !", répond l’autre. Un ping-pong verbal couvert par la sono des opposants qui crache le titre de Patrick Sébastien "Ah si tu pouvais fermer ta gueule". "Quand on veut me faire taire, je parle encore plus", rétorque Eric Zemmour.

Voilà pour l'ambiance de la deuxième journée en Corse du probable candidat à la future élection présidentielle. Officiellement, l'ancien journaliste du Figaro est venu dans l’île pour faire la promotion de son dernier livre. Mais avant la séance de dédicaces, place au discours pour celui que les derniers sondages propulsent au second tour en avril prochain.

"Il faut rapprocher les prisonniers"

Face à près de trois cents personnes, la réunion a des allures de meeting. Le ton aussi. Dès ses premiers mots, Eric Zemmour parle de la Corse. D’abord en tant qu’"île insurgée qui fut le premier département libéré", puis en tant qu’ "île des Justes".  

"Je suis venu en Corse parler de nation, lance-t-il à son auditoire. Pour moi, juif d'Algérie, la nation c'est considérer que Napoléon est mon grand-père, que Jeanne d'Arc est mon aïeule. C'est une idée grandiose, une immense chaîne qui remonte le temps dont nous ne sommes que le modeste maillon. Pas un bout de papier donné au premier venu qui a coché les bonnes cases sur un formulaire."

La veille, à Sartène, l'ex-chroniqueur de CNews avait déclaré être "également venu ici pour chercher l’affection des Corses". Ce samedi, à Ajaccio, il était en quête de leur adhésion, évoquant son rapport à l'île et à son "drôle de peuple un peu lointain et pourtant tellement proche de [lui]". Tout cela avant de s'aventurer sur le terrain de certaines revendications nationalistes. Un courant dont les listes ont recueilli 68% des voix au second tour des dernières Territoriales. Ce que le polémiste n’a pas dû oublier au moment de parler des prisonniers corses.

Je sais que chez vous, la défense de l’identité ne passe pas par la mort de la France.

Eric Zemmour

"Vous vous êtes insurgés contre l’assassinat du préfet Erignac. Je sais que chez vous, la défense de l’identité ne passe pas par la mort de la France. Même les plus durs d’entre vous ne sont pas des djihadistes. C’est pourquoi, la punition nécessaire des coupables ne doit pas entraîner la double peine pour les familles. Il faut rapprocher les prisonniers." 

Une phrase qui aura peut-être trouvé un écho chez certains nationalistes. En tout cas, pas chez ceux de Core in Fronte présents de l’autre côté des barrières : "On ne veut ni de son discours ni de sa personne sur notre île", assène un militant du parti.

"Je suis venu pour montrer mon opposition aux idées nauséabondes qu'il véhicule, explique plus loin un sympathisant de gauche d'une soixantaine d'années, appuyé contre un arbre de la place Foch. Il faut montrer qu'il ne fait pas l'unanimité ici."

"Il est en campagne"

Après son discours - dans lequel il n'abordera pas le sujet des prénoms français -, Eric Zemmour est interrogé sur l’un de ses thèmes de prédilection : les flux migratoires. Mais là, uniquement ceux concernant le sens continent-Corse : "dans ce cas-là, explique-t-il,  je ne mets pas sur le même plan immigration et migration car, là, ce sont des Français qui viennent en France. Je sais qu'ici ça pose d’énormes problèmes d’immobilier, de prix, de logement, notamment pour les jeunes. Il ne faut pas que les continentaux aient des comportements arrogants. J’ai dit dans mon discours que la bétonisation avait été empêchée par les indépendantistes. Je regrette qu’il ait fallu des plasticages, mais c’était à la France de défendre le territoire contre la bétonisation."

Là encore, le propos semble destiné à caresser dans le sens du poil un certain électorat. "Il est en campagne, c’est évident", peste un opposant devant la librairie où le polémiste dédicace. Derrière l’essayiste, l’homme politique se profile et s’affirme en vue d’une candidature à l’Elysée qu’il n’aura finalement pas annoncée lors de ce voyage en Corse.

Néanmoins, il aura pu mesurer sa cote de popularité dans la ville de Napoléon. La longue file d’attente pour faire signer son livre en est un premier indicateur. Ses opposants restés tout au long de l’après-midi également.

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