Ce mardi 26 novembre, l'hebdomadaire satirique Le canard enchaîné affirme que le préfet des Alpes-Maritimes a signalé à la justice des éléments jugés suspects quant à travaux réalisés après la catastrophe de 2020. Dans le viseur, Philippe Pradal, un proche de Christian Estrosi.
Un nouveau chapitre s'ouvre dans le feuilleton de l'affaire des travaux post-tempête Alex.
Selon les informations du Canard enchaîné, Hugues Moutouh, le préfet des Alpes-Maritimes, aurait découvert des anomalies liées aux marchés publics locaux ouverts dans le cadre de la reconstruction des vallées sinistrées par la tempête Alex.
L'hebdomadaire évoque ainsi, dans un article publié ce mardi 26 novembre sur le web, un document d'un "petit millier de pages". Transmis par le représentant de l'État au Procureur de la République, il démontrerait l'existence de "bizarreries de gestion commises par la métropole niçoise après le passage destructeur (210 millions d’euros de dégâts) et meurtrier (18 morts) de la tempête Alex, les 2 et 3 octobre 2020".
Une tornade judiciaire menace la mairie de Nice, quatre ans après la tempête Alex. Un proche de Christian Estrosi est soupçonné d'avoir laissé des entrepreneurs détourner des aides publiques destinées à réparer les dégâts.https://t.co/bg5DEj5e3f
— Le Canard enchaîné (@canardenchaine) November 26, 2024
L’affaire des travaux de reconstruction des vallées niçoises ne cesse pas de faire parler d'elle. Une vraie série à rebondissement.
Voitures de luxe saisies pour une valeur de 640.000 euros, plus de 6 millions confisqués sur des comptes bancaires, multiplication des perquisitions à la mairie de Nice, 21 personnes mises en garde à vue… Le feuilleton dure depuis février 2023.
Philippe Pradal dans la tourmente
Selon Le Canard enchaîné, le dossier communiqué par Hugues Moutouh serait "une bombe". Dans les milliers de pages qui le composent, un nom ressortirait : celui de Philippe Pradal. Il est l'actuel vice-président délégué aux Finances et aux relations avec les intercommunalités au sein du Conseil métropolitain Nice Côté d'Azur, présidé par Christian Estrosi, le maire niçois.
En novembre 2020, cet expert-comptable de profession, avait été nommé par ce même Christian Estrosi "président de la régie dédiée aux travaux de reconstruction des dégâts post-Alex". Le journal indique qu'il avait ainsi le pouvoir de distribuer de l’argent public, dont une grande partie débloquée par l’État, aux entreprises locales en charge des chantiers.
Parmi elles, trois sociétés sont actuellement dans le viseur de la justice. Elles sont notamment soupçonnées d’avoir été payées pour des travaux qui n’ont pas été réalisés. Problème, les comptes d'une d'elles auraient été validés par Philippe Pradal.
Le principal intéressé se défend par la voix d'un chargé de communication, dans un mail envoyé à France 3 Côte d'Azur :
"Sa société est depuis de longues années expert-comptable d'une des entreprises ayant intervenu dans les travaux de reconstruction qui ont fait suite à la tempête Alex. Il n'intervient plus, depuis plusieurs années, sur ce dossier dont la gestion est assurée par son associé. Il n'a exercé aucune responsabilité ni dans les commandes effectuées auprès des entreprises ni dans l'attribution des marchés."
La Métropole contre-attaque
En réponse à ces nouvelles révélations, l'avocat de la Métropole Nice Côté d'Azur rappelle que c’est elle qui avait déclenché l'affaire en février 2023, après avoir découvert des "anomalies comptables". Elle s'est depuis portée partie civile dans le cadre de l’information judiciaire instruite par la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille.
"Dans ce cadre, elle est pleinement mobilisée pour contribuer à la manifestation de la vérité et défendre les intérêts de tous les citoyens de la Métropole", souligne alors Maître Olivier Baratelli dans son communiqué.
Il assure également que : "la Métropole communique régulièrement à l’autorité judiciaire et aux enquêteurs les éléments nouveaux de ce dossier et, en complément des inspections internes communiquées à l’autorité judiciaire, a sollicité l’engagement d’expertises judiciaires pour caractériser la portée et le montant de son préjudice."
À noter, par ailleurs, que ce nouvel épisode intervient au cœur d'un contexte politique particulier, dans lequel Christian Estrosi et Hugues Moutouh sont en opposition régulièrement.
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Le maire Nice accusant le préfet d'incompétence face au narcotrafic, après avoir réclamé son renvoi tout au long de l'été. Mais le bras de fer ne se limite pas à la sécurité : la nomination d'Hugues Moutouh est aussi interprétée comme un geste en faveur d’Éric Ciotti, ennemi politique de longue date de Christian Estrosi.