Le maire de Nice Christian Estrosi appelle au remplacement du préfet des Alpes-Maritimes

Le maire de Nice Christian Estrosi s'en prend au préfet des Alpes-Maritimes et demande son remplacement. "Keep calm and carry on" lui répond ce dernier. Circulez, y'a rien à voir. Mais il vaut mieux s'habituer à ces échanges de coups, habituels sur la scène politique azuréenne.

Échange d'aménités en haut lieu sur la Côte d'Azur. Sous le coup de l'émotion (ou suivant un calendrier politique savamment calculé), juste après une cérémonie d'adieu aux sept victimes de l'incendie mortel des Moulins à Nice, le maire Christian Estrosi (Horizons) s'en prend aux manquements de l'État et à son principal représentant dans le département, le préfet Hugues Moutouh.

Dans une interview au quotidien Le Parisien parue le dimanche 28 juillet, Christian Estrosi déclare ainsi : 

Le préfet m'a dit : "la sécurité, c'est moi et personne d'autre." Je demande qu'il en tire les conséquences et souhaite la nomination en urgence d'un préfet compétent.

Christian Estrosi, maire (Horizons) de Nice

Le Parisien, 28.07.2024

L'enquête sur l'incendie d'un immeuble du quartier des Moulins à Nice est encore en cours, mais la piste désormais privilégiée est celle d'un règlement de comptes dans le cadre de la lutte pour la conquête de points de deal.

Les interpellations se succèdent, mais le maire de Nice pointe les défaillances, selon lui, de l'État dans la lutte contre le trafic de drogue. 

Le cheval de bataille favori de Christian Estrosi (toujours selon le Parisien) : "Nous [les services municipaux, NDLR] sommes au maximum de ce que la loi nous autorise. Le régalien, c'est l'État. Soit, il sait le faire et le fait. Sinon, je suis prêt à ce que l'on me délègue cette mission, tant dans la compétence judiciaire que policière." 

Un état dans l'État ?

Hugues Moutouh, dit "le préfet bulldozer", ne s'en fait pas pour si peu. Interrogé par Nice Matin et BFM Côte d'Azur pendant l'inspection du dispositif de sécurité avant le match de football olympique entre le Maroc et l'Irak, il a simplement répondu avec l'adage de Winston Churchill : "Keep calm and carry on. Gardez votre calme et continuez normalement votre boulot. C'est ce que je fais." 

Il faut dire que le préfet est un habitué des eaux troubles de la politique, lui qui naviguait déjà avec plaisir dans le marigot héraultais, manœuvrant adroitement entre les maires de Béziers (son "ami" Robert Ménard, proche des idées d'extrême droite) et le maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse, si l'on en croit ce récit détaillé du Journal du Dimanche, à l'occasion de son départ de la préfecture de l'Hérault.

"Je ne suis pas sur le départ, je suis sur le terrain." Devant notre caméra, mardi 30 juillet, Hugues Moutouh n'a visiblement pas l'intention de lâcher la rampe. Le duel au sommet a encore de beaux jours devant lui dans les Alpes-Maritimes.