La communauté des gens du voyage, expulsée en novembre dernier d’un terrain qu’elle occupait à Caldaniccia, s’est installée, sans autorisation, sur une parcelle près de l’aéroport d’Ajaccio. La chambre de commerce et d’industrie, qui en est propriétaire, a enclenché une procédure d’expulsion.
Une nouvelle expulsion. C’est ce qui pourrait attendre la communauté des gens du voyage du Grand Ajaccio. Après avoir dû quitter, en novembre dernier, le terrain qu’elle louait depuis 2017 à Caldaniccia, la quarantaine de personnes s'est installée sur une nouvelle parcelle près de l’aéroport d'Ajaccio.
Problème : cette occupation, depuis le 12 décembre dernier, s’est faite sans autorisation. La chambre de commerce et d'industrie (CCI), propriétaire du terrain, a donc enclenché une procédure d’expulsion.
"On n'avait pas d'autre endroit où se mettre"
La communauté des gens du voyage aurait reçu une assignation, par voie d’huissier de justice, de quitter les lieux avant le 6 janvier, selon une information de nos confrères de Corse-Matin. "On nous a dit qu'on était installés ici illégalement, indique Abraham de Mestre, l’un des membres de la communauté. Mais on a vu le terrain qui était ouvert. Nous, on n'a pas forcé l'entrée, on est rentrés, on s'est installés parce qu'on n'avait pas d'autre endroit où se mettre."
Face à cette nouvelle procédure, la communauté rappelle qu’elle est toujours dans l’attente d’une solution pérenne. "On ne refuse pas de partir, mais on demande juste un terrain où on puisse s'installer. Qu'on ne nous demande pas tous les quatre matins de partir, qu’on soit tranquille avec notre communauté, en payant un loyer, en payant l'électricité, l'eau et tout ce qui s'en suit", assure Abraham Demestre.
Une audience le 24 janvier
Prochaine étape : une audience devant le tribunal judiciaire, fixée au 24 janvier. Une décision d’expulsion pourrait alors être prise. La communauté des gens du voyage serait alors contrainte, de nouveau, de trouver un autre terrain.
Et elle, c'est à la Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA) de "prendre ses responsabilités". Car au-delà de la question humanitaire, c'est bel et bien un débat juridique qui s'est engagé autour de la situation de cette communauté.
En théorie, la loi Besson du 5 juillet 2000 impose à la CAPA de trouver un terrain pour les gens du voyage. Or, la CAPA estime que la communauté concernée n’est pas composée de personnes nomades, mais sédentarisées. À ce titre, elles n’entreraient donc pas dans les catégories visées par la loi.
"Pas d'obligation" pour la CAPA
En novembre dernier, le maire d’Ajaccio et président de la CAPA Stéphane Sbraggia avait d’ailleurs déclaré : "Nous n’avons pas une obligation de traitement de ce dossier. L’intercommunalité a une compétence des aires pour les gens du voyage qui ne correspond pas à la réalité de la communauté que nous avons accueillie", puisqu’il s’agit de personnes "ayant des besoins permanents et non occasionnels".
Une interprétation qui n'est évidemment pas partagée par la communauté des gens du voyage.
Dans l'attente d'une décision de justice, cette dernière reste, pour l'heure, sans solution.
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