7 ans après son assassinat, la famille de Jean Leccia demande des comptes à la justice

L'ancien directeur général des services du Conseil général de Haute-Corse, Jean Leccia, a été assassiné le 23 mars 2014 dans l’exercice de ses fonctions. Sept ans plus tard, le crime reste impuni. Les avocats de la famille demandent une entrevue auprès du juge d’instruction. 

 

Il est environ 23h15, ce dimanche 23 mars 2014, lorsque Jean Leccia, directeur général des services du Conseil général de la Haute-Corse , est assassiné à la sortie Nord d'Aleria, alors qu'il regagne son village de San Gavinu di Fiumorbu. Le fonctionnaire de 53 ans rentrait, à bord de sa Citroën DS4, d’une soirée électorale où sa fille était candidate aux élections municipales. 

Que justice soit faite 

Un meurtre commis dans l’exercice de ses fonctions, qui a ému la Corse et fait parler la France entière. Il s’agissait du premier assassinat d’un haut fonctionnaire depuis celui du préfet Claude Erignac, en 1998. 

Si de nombreux moyens ont été engagés pour résoudre cette affaire, aucun coupable n’a à ce jour été désigné. La famille demande en ce septième anniversaire, “que les promesses faites par la Justice ne soient pas de vaines paroles de circonstance mais qu’elles soient suivies de résultats”. “Ce serait le plus bel hommage qui puisse être rendu à cet homme estimé pour ses grandes valeurs et qualités humaines, morales et professionnelles”, espère-t-elle. 

Les avocats demandent des explications au juge d’instruction 

Interrogatoires, gardes-à-vue, filatures, l’enquête n’a pourtant pas abouti. “C’est parce qu’elle a donné lieu à une confrontation entre policiers et gendarmes, défendant chacun une piste différente, qui a gravement nuit à l’avancée du dossier”, affirment les avocats de la famille, Maître Barbolosi et Maître Luca. Ils regrettent également que pas moins de trois juges d’instruction se soient succédé. Une perte de temps considérable. 

Ils ont bien tenté de faire accélérer l’enquête par le biais de demandes d’actes. Ils ont bien été accordés mais n’ont toujours pas été portés à leur connaissance, fin mars 2021 : “nous demandons alors une entrevue auprès du juge d’instruction pour demander des explications. Il est hors de question que le dossier tombe dans les oubliettes de la justice”. 

Assassinats non élucidés : un problème corse 

Cet assassinat rejoint la longue liste des crimes non élucidés perpétrés en Corse. Selon l’avocat Jérôme Mondoloni, membre du collectif anti-mafia du collectif “Massimu Susini”, si le taux d’élucidation corse est comparable au taux national, celui relevant uniquement de la criminalité organisée est bien plus faible en Corse, “ne dépassant pas les 5%”.

Une estimation qu'il semble compliqué de vérifier avec des chiffres officiels. Sollicitée à de nombreuses reprises, la coordination pour la sécurité en Corse n'a pas souhaité communiquer les statisques des règlements de comptes attribués au crime organisé et le taux de résolution des affaires.

Selon le spécialiste des mafias Fabrice Rizzoli, la Corse compte une vingtaine d’homicides mafieux par an pour 340 000 habitants, contre 5 pour 5 000 000 d’habitants en Sicile.Il faudrait donc s’inspirer des outils anti-mafia italiens, préconise-t-il, en améliorant par exemple le statut de collaborateur de justice (remise de peine et protection en échange d’informations). En France, il ne faut pas avoir commis de crime de sang pour en bénéficier. Il est alors difficile de résoudre une enquête sans vision de l’intérieur”. 

 

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