Un nouveau dispositif suscite la colère des infirmiers libéraux : désormais, leur rémunération ne dépendra plus du temps passé avec les patient mais sera modulé en fonction de la charge de travail, estimée par un algorithme. Les infirmiers craignent de perdre 10 à 15% de leur chiffre d'affaire.
Pour les infirmiers libéraux, un nouveau dispositif est entré en vigueur le 1er janvier 2020 : le BSI, ou bilan de soins infirmiers. Ce nouveau mode de calcul de leur rémunération mis en place par l'assurance maladie ne prend plus en compte le temps d'intervention auprès des patients mais applique trois forfaits journaliers qui correspondent à une prise en charge "légère", "intermédiaire" ou "lourde", avec des tarifs allant de 13 à 28€.
Ce vendredi à Bastia, une centaine d'infirmiers libéraux se sont rassemblés dans la salle de délibération de la mairie pour protester contre ce nouveau dispositif.
Moins d'interventions dans le rural ?
"C'est un algorithme qui, en fonction des réponses qu'on va cocher dans le questionnaire, va générer un ou l'autre des tarifs. Le problème c'est qu'on se rend compte que cet algorithme est réducteur et ça a un impact sur nos honoraires", explique Nicolas Zammataro, infirmier libéral.Les infirmiers estiment à 10 à 15% la baisse de leur chiffre d'affaire. Avec des conséquences sur les interventions en milieu rural :
"Ce forfait journalier, bien des fois, ne va même pas nous permettre de payer les kilomètres pour aller chez le patient, tout simplement, précise Laetitia Raffalli, infirmière libérale. Donc on va passer le matin mais on ne pourra pas passer matin et soir. La personne âgée, dépendante, grabataire isolée, le soir elle va se retrouver toute seule parce que pécuniairement on n'aura pas les moyens d'y aller."
A l'issue de la réunion de vendredi, les infirmiers libéraux ont décidé de créer un collectif. Objectif : obtenir une dérogation auprès de l'assurance maladie. Ils comptent aussi solliciter la collectivité de Corse dans les prochains jours.