VIDEOS de la 1ère marche des fiertés à Bastia : "c'est notre amour pour la Corse, et notre désir d'y vivre libres, qui nous motivent"

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La marche des fiertés bastiaise défile sur le Vieux port de Bastia.
Discours de la première marche des fiertés, à Bastia ©S.Bonifay

L'Arcu, soutenu par de nombreuses associations, des partis politiques et des syndicats, a organisé à Bastia la première marche des fiertés. Plus de deux cents personnes ont défilé pour faire entendre la voix de la communauté LGBTI+ en Corse.

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Les uns sont gays, d'autres lesbiennes, les troisièmes bisexuels ou bisexuelles, trans ou intersexe... Et puis il y a celles et ceux qui se posent des questions, ou bien encore les hétéros qui ont tenu à témoigner de leur soutien à la démarche, la première du genre à Bastia. La communauté LGBTI+ affiche mille visages, devant le palais de justice.

Livia Casalonga, l'une des organisatrices de la marche des fiertés, pilotée par l'Arcu, prend le micro, devant une assemblée colorée, où plus de deux cents personnes venues de toute la Corse se mêlent dans la bonne humeur : "nous voulons marcher ensemble pour réaffirmer que l'identité corse, comme toutes les identités, ne peut se limiter à un carcan stéréotypé, et doit s'en affranchir. Elle est multiple, complexe, au croisement de plusieurs récits collectifs".

Vivre en paix

L'événement a trouvé un écho certain dans la société publique, à en croire les drapeaux brandis dans la foule. Les syndicats tels que la CGT, FSU, la CFDT, le parti communiste, l'Union communiste libertaire ou LFI, les nationalistes d'A Manca et Inseme a Manca, les associations Ava Basta et la Ligue des droits de l'homme, ou les associations féministes Zitelle in Zerga ou Main Violette Corse, soutiennent la marche des fiertés. 

On n'a pas choisi notre sexualité. On veut juste vivre en paix

Léa, 17 ans, rainbow flag autour du cou, veut faire passer un message : "on n'a pas choisi notre sexualité. On veut juste vivre en paix, comme tout le monde, et que les gens soient plus compréhensifs. On ne peut pas être réduits à notre orientation sexuelle"

Lisa, 16 ans, reconnaît un peu d'appréhension. "On ne sait pas trop comment ça va se passer. C'est un pari, cette marche. On ne l'a jamais fait, on est sur une île, et au quotidien, ce n’est pas toujours facile à vivre. Alors défiler sur le boulevard..."

Lilou, un peu plus loin, confirme : "en cours, je fais profil bas. Je me suis fait insulter pas mal de fois... Se faire cracher dessus, c'est dur, parfois". Et pourtant, elle qui se cache souvent, a tenu à être présente. Et à défiler à visage découvert. "C'est de l'amour, finalement. Alors on s'en fout, de ceux qui ne nous aiment pas".

Une hostilité plus discrète

Alors que le cortège se met en branle, l'accueil est plutôt bienveillant. Sur les trottoirs, les touristes filment ou prennent des photos, les commerçants, sur leur palier, regardent passer ce joyeux défilé sourire aux lèvres, et les passants, pouce levé, saluent l'initiative. Certains, néanmoins, ne cherchent pas à dissimuler une moue dubitative, voire méprisante...

Les gens ridicules, ce sont ceux qui jettent les œufs, pas nous...

Au fur et à mesure que le cortège s'aventure dans les ruelles plus étroites qui mènent au Vieux port, les marques d'hostilité se font moins discrètes.

Hayden, 13 ans, pointe du doigt le bout de la Vans d'une amie, maculé de jaune d'œuf : "l'ambiance est super, tout le monde chante, danse, rigole,mais il y a quand même quelques gens malfaisants, qui nous ont jeté des choses, et nous ont crié qu'ils étaient homophobes". Anaïs, visage enfantin et cravate bleue autour du cou, hausse les épaules. "Les gens ridicules, ce sont ceux qui jettent les œufs, pas nous..."

Jo, un curieux d'une cinquantaine d'années, qui a beaucoup aimé l'ambiance du cortège et s'est pris de sympathie pour les participants, leur glisse : "ce n’est pas vraiment étonnant. Les homophobes, il y en aura toujours. Mais croyez-en un vieux de la vieille, des manifestations telles que vous venez de le faire, un samedi à Bastia, il y a dix ans, ça aurait été impensable".

Espoir

En novembre 2018, le président de la République Emmanuel Macron avait reçu à l’Elysée la fédération regroupant une soixantaine d'associations luttant pour les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres.

Le nom de la Corse, au cours de la discussion avait été évoqué, alors que les associations listaient les régions de France où il était difficile d'assumer son homosexualité.

Une manifestation comme celle-là, il y a dix ans, c'aurait été impensable

Un an plus tard, l'Arcu LGBTI+ Corsica était créé, dans le but de "coordonner toutes les actions qui concernent les membres de la communauté LGBT", expliquait alors François Charles, à l'origine du projet.

En 2022, un premier rassemblement avait été organisé à Ajaccio, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie.

Et même si des actes homophobes continuent d'être commis sur l'île, et que les réseaux sociaux restent un déversoir de haine préoccupant, la visibilité et le militantisme de la communauté a indéniablement fait bouger les choses, comme le prouve cette première marche des fiertés.

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