Affaire des boules de pétanque explosives : les quatre supporters bastiais devant le tribunal judiciaire de Bastia

Jean-Philippe Mei, Julien Muselli et Adrien Matarise sont accusés d'association de malfaiteurs. Les deux derniers devront aussi répondre de l'accusation de fabrication, détention et transport d'explosifs. Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison. Maxime Beux comparait pour refus de prélèvement ADN.

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L'affaire remonte au 20 février 2016. Une semaine après de violents affrontements entre des supporters bastiais et la police, en marge d'un match du Sporting à Reims. Des affrontements où Maxime Beux, un supporter insulaire âgé de 22 ans, va perdre un œil. 

Sur l'île, l'émotion est vive, et un rassemblement de soutien au jeune homme est organisé. Maxime Beux, revenu le matin même en Corse, appelle à manifester "dans la sérénité, la dignité et le calme", par la voix de son avocate. Ce jour-là, ils sont près de deux-mille à arpenter le boulevard Paoli. Hormis trois interpellations au cours de la journée, en marge du cortège, pas de heurts ou de débordements. 

Et pourtant. Les médias avaient été alertés le matin même de la découverte d'engins explosifs, fabriqués artisanalement à l'aide de boules de pétanque évidées, dissimulés aux environs de la préfecture de Bastia, ce qui laissaient imaginer que la manifestation allait dégénérer.

Boules de pétanque explosives

Quelques mois plus tard, ces explosifs, qui avaient pourtant fait long feu, refont leur apparition dans l'actualité. Le 16 novembre 2016, quatre membres du groupe de supporters Bastia 1905 sont arrêtés. Dont Maxime Beux. Nicolas Bessonne, le procureur de la république de Bastia, donne une conférence dans l'après-midi. Il intime à deux autres supporters, qui n'ont pas été interpellés, de "se rendre".

En cause, les "deux pains de Nitram de 500 grammes chacun, reliés à une mèche lente", et "des cagoules, des masques, des combinaisons et des lunettes" retrouvées le 20 février de la même année, et qui auraient dirigé les enquêteurs, grâce à l'ADN retrouvé sur les sacs contenant les explosifs, vers les supporters. 

Quelques jours plus tard, Adrien Matarise et Julien Muselli, se présentent à lapolice. Ils sont mis en examen pour fabrication, détention et transport d'explosifs, et association de malfaiteurs. Ils sont placés en détention provisoire. Trois autres supporters sont mis en examen, Maxime Beux, Jean-Philippe Mei et Ghjilormu Garelli. Eux, pour association de malfaiteurs. Tous sont également poursuivis pour refus de prélèvement d'ADN. Ils encourent une peine de 10 ans de prison. 

Tous nient les faits qui leur sont reprochés.

Nullité

C'est le début d'un feuilleton judiciaire qui dure depuis 5 ans. En janvier 2017, la défense dépose une requête en nullité de la procédure concernant la récupération des pièces à conviction dans l'affaire. Devant le palais de justice de Bastia, plusieurs dizaines de supporters et de proches, rejoints par Jean-Guy Talamoni, alors président de l'assemblée de Corse, se réunissent pour manifester leur soutien. 

La chambre de l'instruction donne droit à la requête, en raison de la manière dont les explosifs auraient été récupérés par les policiers, considérée comme ne respectant pas la procédure pénale. 

A la suite de cette décision de justice, le 8 mars 2017, Adrien Matarise et Julien Muselli sont libérés de la prison de Borgo, où ils étaient incarcérés depuis leur mise en examen. 

5 ans de procédure

Un soulagement de courte durée pour les cinq supporters. Le 20 décembre 2017, la cour de cassation annule l'arrêt de la chambre d'instruction de Bastia, une décision confirmée par la cour d'appel d'Aix-en-Provence le 2 juillet 2018. Selon cette dernière, "en l'état des éléments portés à la connaissance de la cour, aucun des moyens soulevés ne justifie que soit prononcée l'annulation d'un acte de la procédure".

Plus de trois ans après cette dernière décision de justice, le procès va enfin se dérouler, devant le tribunal judiciaire de Bastia, ce mardi 2 novembre. "Il était temps, c'est à la limite du délai raisonnable", souffle l'un des avocats, agacé. 

Ils sont quatre, sur les cinq mis en examen, à se présenter devant le tribunal. Maxime Beux, Adrien Matarise, Julien Muselli et Jean-Philippe Mei. Trois d'entre eux comparaissent libres. Adrien Matarise est détenu pour une autre affaire, concernant une série d'attentats commis en mars 2019. 
Ghjilormu Garelli,de son côté, a bénéficié d'un non-lieu. Et Maxime Beux n'a plus à répondre que de refus de se soumettre aux obligations de prélèvement signalétique, et il encoure au maximum un an de prison. 

10 années de prison encourues

Cinq ans après les faits, la défense espère que le climat sera plus serein, et que le temps jouera en faveur de ses clients, alors que les magistrats ne sont plus les mêmes, et que Bastia 1905, qui cristallisait les tensions, n'existe plus. Mais les rumeurs selon lesquelles c'est le procureur de la République lui-même, Arnaud Viornery, qui rendrait ses réquisitions, laisse imaginer que le ministère public pourrait frapper fort....

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