Covid : "je veux continuer à faire classe", le difficile port du masque pour les enseignants asthmatiques

Télétravail et certificat d’isolement, c’est la solution proposée à une enseignante souffrant d’une pathologie incompatible avec le port du masque. Myriam Paolini-Fergani est asthmatique et refuse de lâcher ses élèves. Elle demande un aménagement de poste.

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S’il est un corps de métier ou le présentiel était affiché – par le ministre de tutelle lui-même - comme LA règle de cette rentrée sur fond de Covid, ce sont bien les enseignants.

Mais trois semaines après la reprise de l’école, force est de constater que cette règle a besoin d’exceptions.

Que faire des enseignants qui, en raison de pathologies, ne peuvent supporter le masque, mais veulent assurer leurs cours devant les élèves ?

J’y vais à reculons parce que je sais que je vais souffrir 

Myriam Paolini-Fergani, enseignante

Myriam Paolini-Fergani, en poste à Bastia, croyait avoir trouvé la solution. Mais le rectorat lui a dit non.

Pour cette enseignante certifiée qui souffre d’asthme, dispenser des cours de 55 minutes, 55 minutes multipliées par le nombre de cours d’une journée, tout en portant le masque en permanence, c’est une torture.

"Pour la première fois de ma carrière, avec un métier que j’ai choisi et que j’adore, j’y vais à reculons parce que je sais que je vais souffrir ".

La visière ? refusée

Myriam s’en est ouvert à sa hiérarchie. "J’ai proposé de porter une visière, ajouté à une distanciation de deux mètres des élèves ; le médecin qui s’occupe de l’établissement n’y voyait pas de contre-indication, le chef d’établissement non plus. Mais le médecin référent du rectorat a refusé. On nous a répondu : le masque est obligatoire, sans aucune exception".

Si Myriam ne peut travailler masquée, l’alternative proposée jusque-là était limpide : télétravail ou arrêt maladie.

"Je ne veux surtout pas arrêter ! A trois semaines de la rentrée, il sera impossible d’instaurer avec des élèves des relations de travail. J’ai 13 ans d’expérience, je sais que ça ne marchera pas. Je ne veux pas abandonner mes élèves, surtout ceux qui passent le bac".

Pour l’arrêt maladie, Myriam est encore plus catégorique : "je ne suis pas malade !".

Un certificat d'isolement... compris comme un confinement

Dans un courrier du 18 septembre, le rectorat vient de préciser sa position : plus question d’arrêt maladie lorsqu’on n’est pas souffrant, mais de "certificat d’isolement". 

"Le texte dit que je peux être trois jours en télétravail et le reste du temps en isolement. Ca veut dire confinée ! Ca dit aussi que sur avis du médecin, je peux demander une adaptation de poste sauf qu’on me l’a refusée !".

Télétravail ou masque de type 2

Interrogé dans nos locaux à Bastia ce mardi, le directeur académique de Haute-Corse précise : "On a une liste de pathologies qui sont reconnues et validées par le Conseil scientifique. Ces enseignants vulnérables de santé ne peuvent pas être devant l'élève. Ils sont déjà en télétravail".

Et Christian Mendivé d’ajouter : "Les enseignants qui ont d'autres pathologies, non répertoriées à risque, sont devant l'élève avec un masque de type 2".

Quant à l’adaptation demandée par Myriam Paolini-Fergani, la visière, le représentant de l’Education nationale botte en touche : "Les choses ne sont pas stabilisées sur cette question-là. Pour l'instant, on reste sur le même type de masque, les masques tissus grand public distribués par le ministère".

Sauf qu’ils ne répondent pas aux besoins spécifiques de tous ces enseignants qui sans être malades ou très vulnérables, estiment ne pas pouvoir exercer leur métier dans des conditions acceptables pour eux et pour les élèves.
 
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