La Corse, durant l'été 2020, été secouée par le tremblement de terre #IWas. Deux ans après, la mobilisation s'est éteinte. Ou presque. Une association, Zitelle in Zerga, continue de mener le combat. Un combat relayé par un documentaire, diffusé mercredi 17 août au Régent de Bastia.
Le hashtag était parti, comme souvent, des Etats-Unis. Derrière ce IWAS (j'avais, en Français), un âge. #IWas14, #IWas 17, #IWas12...
Celui auquel l'auteur ou l'autrice du tweet avait été victime d'agression sexuelle. Après #MeToo, c'était une nouvelle vague de libération de la parole, sur le sujet, trop longtemps ignoré, des violences sexuelles. Cette fois-ci, elle concernait les plus jeunes.
Mais la vague ne s'est pas transformée en tsunami, contrairement à #MeToo. En ce mois de juin 2020, le monde apprenait à faire face à une pandémie mondiale, et #IWas n'a pas longtemps fait la Une.
Hormis en Corse, où l'onde de choc a été sans commune mesure avec le reste du pays.
Cinetract
La réalisatrice Dorothée Sebbagh était en Corse, en train de travailler sur un projet de long métrage de fiction, quand elle a découvert l'ampleur du mouvement : "on était dans la plaine orientale et on a vu les collages, qu'on a trouvé très forts... Ils faisaient plus de place aux récits que sur le continent, où ils étaient plus revendicatifs. Ca nous a vraiment intrigué, ce surgissement soudain d'histoires féminines. On a vraiment eu l'impression que quelque chose était en train de se passer".
C'est de cette découverte, et de la rencontre avec le collectif Zitelle in Zerga, qui s'était créé au moment de l'apparition de #IWas, qu'est né le court métrage Zitelle in zerga, jeunes filles en colère : "leur discours nous a semblé tellement articulé, élaboré, avec un vrai projet de société, qu'on avait envie de faire entendre leur parole, de créer un objet de revendication".
Le court-métrage n'est pas un documentaire, mais un "cinetract", tient à préciser Dorothée Sebbagh, qui a coréalisé le film avec Isabelle Catalan. "On voulait s'inscrire dans l'histoire des cinetracts politiques des années 60, lorsqu'en mai 68, les cinéastes français mettaient leur caméra au service des ouvriers, des étudiants..."
Electrochoc
Le cine-tract sera diffusé le 17 août prochain au Régent, à Bastia, à 19 heures. La diffusion du court film, d'une dizaine de minutes, sera suivie d'une discussion avec le public, en présence des deux réalisatrices, et des membres de Zitelle in Zerga, parmi lesquelles Anaïs Mattei.
"Ce film a été efficace, il a fait figure d'électrochoc, pour certaines personnes qui ne mesuraient pas à quel point on avait été touchées par tout ça, et à quel point l'année 2020 avait été difficile, et ça, c'est positif", raconte la présidente de l'association.
Mais le combat n'en est pas gagné pour autant : "on n'a pas fait tout ça pour rien, c'est rassurant. Mais on n'a toujours pas de retour sérieux des institutions par rapport à ce que l'on demandait. La vraie réponse aux agressions sexuelles que l'on dénonce, on l'attend toujours..."
Pour autant, Anaïs et ses compagnes de lutte ne sont pas prêtes à jeter l'éponge : "si on arrête, qui prendra la relève ? Et puis on est tellement en colère qu'on ne se voit vraiment pas arrêter..."