Afin de lutter contre le harcèlement scolaire, le ministre de l'éducation nationale a annoncé l'expérimentation, dès la rentrée de janvier, de cours d'empathie dans 1000 écoles du territoire. Neuf écoles primaires de Corse font partie de ce programme.
Neuf écoles primaires de Corse, quatre en Corse-du-sud et cinq en Haute-Corse, expérimenteront dès le retour des vacances de Noël les cours hebdomadaires d'empathie annoncés par le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse Gabriel Attal.
D'abord réticent, le secrétaire départemental Snuipp-Fsu de Haute-Corse Fabien Mineo reconnaît que cette mesure a du bon : "Ma première réaction a été de penser que c'était encore un gadget du ministère. Mais j'ai regardé le webinaire de formation proposé aux enseignants et finalement ça me semble pas mal."
Différence, tolérance, bienveillance et altérité
Inspiré d'une méthode danoise, où ces cours hebdomadaires sont dispensés depuis 1993, ces cours d'empathie se dérouleront à raison d'une à deux heures par semaine, consacrées à l'apprentissage de "la différence, la tolérance, la bienveillance et l'altérité." annonce le ministère.
"L'objectif, c'est de développer le respect mutuel, l'écoute, l'argumentation sans jugement. De permettre aux élèves d'acquérir des compétences psychosociales qui induisent des capacités à se maîtriser, à contrôler ses émotions pour une communication constructive" précise Jean-Philippe Agresti, recteur de l'académie de Corse.
Un emploi du temps déjà saturé
"Pour moi il reste un gros écueil, souligne Fabien Mineo, c'est l'emploi du temps. Avec les JO on nous demande de renforcer la pratique sportive à l'école. En Corse spécifiquement on a une heure par semaine consacrée aux échecs pour les cycles 3. Il y a 24 heures de temps scolaire par semaine. Comment les collègues vont faire ? Ils vont devoir rogner sur d'autres matières."
Le recteur de l'académie de Corse précise qu'il n'est pas question de consacrer une à deux heures supplémentaires à ces notions, mais de les intégrer aux différents enseignements : "Le travail sur le consentement peut se faire en EPS ou en récréation, en introduisant l'idée de consentir ou pas à un jeu. La méthode des trois figures, agresseur, victime et tiers, peut être appliquée au cours d'une leçon d'histoire à travers un personnage historique par exemple."
Le volet prévention d'un plan global
Jean-Philippe Agresti voit dans ces cours d'empathie le déploiement à grande échelle du volet prévention du programme pHARe, le plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement mis en place depuis 2021. Un programme qui s'articule autour de quatre axes principaux : informer, former, prévenir et traiter. "Le but, c'est former une communauté protectrice, qui réunit les élèves, les enseignants, les administratifs et les parents".
#NonAuHarcelement | Le harcèlement scolaire est un fléau.
— Académie de Corse (@accorse) November 9, 2023
Parler, alerter, c’est #FaireFace au harcèlement.
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En Corse, sept écoles pratiquent déjà, dans le cadre du programme pHARe, des ateliers de compétences psychosociales. "J'ai vu la mise en place d'outils très simples et très efficaces et des classes très apaisées. Je me réjouis que cette expérience se déploie et se généralise" conclut le recteur.
Les parents d'élèves n'ont semble-t-il pas encore été informés de cette nouvelle mesure. Le représentant de l'association des parents d'élèves corses Denis Lucciani, que nous avons joint ce 21 décembre, n'avait pas connaissance de la mise en place prochaine de ces cours d'empathie.
Des cours qui devraient être généralisés à l'ensemble des écoles primaires à la rentrée 2024.
En Corse 40 cas de harcèlement scolaire ont été recensés depuis septembre 2022.