"Napoléon & Jésus : l'avènement d'un messie", c'est le premier livre de Marie-Paule Raffaelli-Pasquini. Cette docteure en lettres offre une vision inédite de Napoléon, celle de l'Empereur messianique.
Le premier livre de Marie-Paule Raffaelli-Pasquini, préfacé par l'académicien Jean-Marie Rouart, spécialiste de Napoléon, est désormais disponible en librairie. Le livre a également remporté le prestigieux Prix de la Fondation Napoléon.
C'est grâce aux écrits de Napoléon à Sainte Hélène que Marie-Paule Raffaelli-Pasquini a eu l'idée, d'une thèse d'abord, puis de ce livre : "On peut penser que sur la fin, il y aurait eu cette fulgurance religieuse chez lui", mais l'auteur rappelle que Sainte Hélène, c'est surtout une oeuvre propagandiste : "Napoléon avait laissé avec l'empire une impression ambiguë, partagée et il voulait atteindre la postérité en devenant un martyr".
Le paradoxe de Napoléon
La pensée de l'auteur s'articule autour du paradoxe de Napoléon : "Napoléon en bon machiavelien qu'il était, avait conscience que gouverner c'est faire croire. Les hommes de manière immémoriale ont besoin de l'image incarnée de la grandeur, de quelque chose qui les dépasse. Lui-même avait une foi très tiède."
Napoléon en bon machiavelien qu'il était avait conscience que gouverner c'est faire croire
C'est dans une France républicaine, à une époque post-révolutionnaire que Napoléon a créé le code civil. Pour les intellectuels de l'époque, la religion est une puissance aliénante, dangereuse. Mais la population reste très croyante, notamment dans les campagnes et éprouve un besoin de protection transcendantale. C'est ce qu'avait compris Napoléon.
Car c'est à cette époque de désenchantement du monde qu'a émergé le culte napoléonien : "Un messie en quelque sorte, puisque Napoléon a utilisé les mythèmes christiques, de la naissance dans l'humble étable à la flamboyante résurrection, il y a vu des scenarii exploitables dans sa propre vie" nous dit l'auteur.
En outre, pour cette spécialiste, la grande littérature a contribué à la grandeur de Napoléon : Chateaubriand, Balzac, Stendhal, sans oublier Victor Hugo qui le considérait comme le nouveau Christ.
C'est avec une vision hégémonique de l'Europe que Napoléon voulait répandre les idées des Lumières pour la paix et la grandeur des peuples. Un aspect messianique dont il avait conscience.
Napoléon ira jusqu'a dire : "Si le Christ n'etait pas mort sur la croix, il ne serait pas Dieu". Pour l'auteur : "Il savait que ce côté sacrificiel lui permettrait d'atteindre ce niveau de rédempteur".
Si c'est bien la postérité qui semblait l'obséder, on peut dire que celui-ci y est parvenu.