Cette troisième journée de procès débute par l'audition très attendue de Maxime Beux. A la barre, le supporter bastiais, qui a perdu un œil après une rencontre entre le Stade de Reims et le Sporting Club de Bastia, revient sur le déroulement de la journée.
Dans sa voix, une détermination évidente. Le jeune homme de 29 ans, après six longues années de procédure, entend bien faire connaître sa version.
J'essaie de comprendre comment et pourquoi ma vie a basculé ce soir-là.
Maxime Beux
Pour autant, pas question donner l'impression d'être vindicatif. Le ton est posé. Dès l'entame des débats, peu après 9 heures, Maxime Beux reconnaît que des propos contre la police et la France ont été tenus, ce 13 février 2016, comme l'a affirmé hier, à la barre, le responsable des renseignements généraux de Reims.
"Mais est-ce que j'en ai proféré ? Non. Et de là à dire qu'il s'agit d'un déferlement de haine jamais vu, comme l'ont dit les policiers à cette barre, me paraît plus qu'exagéré".
Naïveté
Tout au long de son audition, Maxime Beux le martèle : il n'avait aucune intention d'en découdre au sortir du stade.
"Quand je me rends en centre-ville après le match, je le fais de manière très spontanée, voire naïve. Je me dis qu'on allait boire un coup après la victoire de Bastia. A aucun moment je n'ai eu l'impression de commettre un délit, ni l'impression qu'il allait se passer quelque chose de mal là-bas".
Et aujourd'hui encore, le supporter bastiais affirme ne pas s'expliquer comment la situation a dégénéré à ce point : "pourquoi les policiers ont-ils reçu l'ordre de nous interpeller ? J'essaie tout simplement de comprendre comment et pourquoi ma vie a basculé ce soir-là..."
Il est sûr d'une chose, en tout cas : "il n'y a pas eu le moindre projectile lancé de notre part".
Douleur indescriptible
Au fil des minutes, Maxime Beux revient sur le sentiment d'injustice qui ne l'a jamais quitté, depuis ce soir de février où il a perdu un œil : "en 2016, je suis dans mon lit d'hôpital, et j'entends le procureur de Reims de l'époque tenir une conférence de presse, où il dit que la version officielle est celle selon laquelle je suis tombé sur un poteau. Ca a été la version officielle pendant deux ans. Elle a même été validée par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve. Je ne sais pas si vous imaginez l'impact que ça a eu sur le petit étudiant de 22 ans que j'étais à ce moment-là".
C'est une douleur tout simplement indescriptible.
Maxime Beux
Devant la cour, Maxime Beux est bien décidé à rappeler qu'il est d'abord une victime : "ce soir-là, j'ai eu l'impression d'être une souris. Un cafard dans un salon. Avec des gens qui essayaient de m'écraser comme un insecte au moment de m'interpeller (...). Je me souviens encore de l'impact. Hier, l'expert a parlé de la douleur épouvantable que j'avais dû ressentir. Je vous assure que c'est bien pire que ça. C'est une douleur tout simplement indescriptible".
Deuxième temps fort de la journée, cet après-midi : l'interrogatoire de l'accusé, Christophe Mercier, ancien membre de la BAC de Reims.