A l'occasion de la grève mondiale pour le climat, plusieurs centaines de collégiens et de lycéens ont fait l'école buissonnière et se sont réunis à Bastia ce vendredi après-midi. Nous avons discuté avec ces jeunes défenseurs du climat.
A quelques mètres du parvis de l’Eglise Saint Roch, deux femmes d’un certain âge semblent un peu décontenancées par la scène qui se joue devant leurs yeux. Des centaines de jeunes, munis de pancartes, sont assis par terre. «"Qu’est-ce qu’il se passe ?" demande la première, "je n’en sais rien, mais ils devraient être à l’école ces jeunes " lui répond la deuxième. Et bien non. Une partie des collégiens et des lycéens bastiais ont décidé de se mettre en grève pour le climat, un mouvement initié dans plus de 5000 villes dans le monde. Je leur explique les raisons du mouvement, elles semblent un peu dubitatives.
Et pourtant les jeunes, eux, savent bien pourquoi ils sont présents ce vendredi après-midi dans les rues de Bastia. Lise est en seconde au lycée de Casabianca, elle ne va pas en cours cet après-midi. "Je préfère être là et manifester pour mon avenir. C’est à nous la jeunesse de faire quelque chose et de changer le monde."
"La planète, elle pourra bientôt plus respirer"
Bien que le mouvement ne s’apparente pas à une manifestation ambulante dans les rues de Bastia comme à Paris ou dans d’autres grandes villes du monde, plusieurs centaines de collégiens et de lycéens sont assis sur le parvis de l’église Saint Roch. Dans leurs mains, des pancartes faites de morceaux de cartons et des slogans multicolores peints à la main. "Bastia for Future", "React : now or never" gribouillés avec l’aide de leurs professeurs. "Nous devons sauver la planète, c’est urgent m’explique Rosalie 11 ans, sinon on ne vivra pas longtemps." Elle est en train d’écrire un message d’alerte sur un post-it qu’elle ira coller quelques minutes plus tard sur un mur d’expression improvisé au milieu des passants.
A côté d’elle, ses copines de sixième discutent entre elles. "Un moment donné, la planète elle pourra bientôt plus respirer" dénonce, un brin pessimiste, Santa Stella. "Oui et puis la planète c’est important parce que c’est là où on vit, il faut la protéger" insiste Bérénice. Alors quelles solutions ? De l’avis de Kaual, "les usines doivent arrêter de faire du plastique." Santa Stella, elle, demande à chacun d’arrêter de jeter ses papiers par terre, alors que Bérénice assimile le réchauffement climatique "à tous les déchets qu’on fait, partout en Corse et ailleurs. Il faut les réduire."
En marge des asociations qui se succèdent au micro, un débat s’organise entre deux collégiens sur la nécessité de se mobiliser. "Franchement il faudrait qu’il y ait bien plus de monde, c’est important pour nos futurs enfants sinon on court à la catastrophe" s’indigne Lou, 11 ans. "Oui mais au moins le fait d’être là, ça peut sensibiliser des gens lui répond Anastasia, ça leur montre à quel point la planète souffre."
Gap intergénérationnel
Lorsqu’on discute avec ces jeunes, on se rend compte qu’il existe une vraie prise de conscience de la part des nouvelles générations, qui intègrent la question écologique au cœur de leur raisonnement. Le gap intergénérationnel peut être constaté assez facilement ici, entre les jeunes assis d’un côté et les passants qui restent en retrait.
Au milieu des pancartes d’enfants, quelques slogans affichent des messages un peu plus virulents : "atteinte aux écosystèmes : meurtre de masse" peut-on lire sur la pancarte d’Emilie, militante à l’association Extinction Rébellion. "On milite avec des actions un peu musclées pour dénoncer la politique climaticide du gouvernement explique-t-elle, mais aujourd’hui, on s’est associé avec ces jeunes car il n’y a rien qui se passe en Corse pour sauver le climat."
Cette femme d’une quarantaine d’années s’est engagée pour la première fois dans une association il y a quelques semaines, car il y a urgence. "Je pense que c’est pour eux (les jeunes) que ça va être le plus chaud, donc ils ont intérêt à s’y mettre tout de suite et à bien comprendre ce qui va leur arriver" résume cette maman.
#ClimateStrike #FridaysForFuture pic.twitter.com/icmMTBK4A0
— Extinction Rebellion Corsica (@ExtinctionReb18) September 20, 2019
Autour des grévistes, les passants s’arrêtent, prennent quelques photos, applaudissent. Un pari réussi pour les manifestants, qui souhaitent créer une prise de conscience collective.
Un mouvement planétaire
Cette grève pour le climat planétaire est destinée à faire monter la pression sur les dirigeants politiques et les entreprises, afin de mettre en place une lutte concrète et efficace contre le réchauffement climatique.
?Départ de la 3ème grève mondiale pour la climat à Paris à quelques jours du sommet spécial sur le #climat de l'#ONU. Plus de 5 000 actions sont attendues autour du globe. Trajet: Nation jusqu’au Parc de Bercy. #FridaysForFuture #Paris #ClimateChange #climate pic.twitter.com/7M6iKae43k
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) September 20, 2019
Emmanuel Macron et plusieurs dirigeants du monde entier se réunissent lundi 23 septembre, au siège de l’ONU à New York. A la demande du secrétaire général des Nations Unies, les Etats ont été convoqué pour un sommet exceptionnel sur le climat, en vue d’accroître les efforts de chacun dans la lutte contre le réchauffement climatique.
En marge de cette réunion, Greta Thunberg et 500 jeunes du monde entier vont se réunir à l’ONU ce samedi pour un sommet de la jeunesse pour le climat, une première. Ils vont émettre des propositions qui seront soumises aux dirigeants lors de leur réunion lundi.