Les quatre hommes, placés en détention provisoire pour des braquages de bijouteries à Bastia en 2016 et 2017, ont été libérés mi-août, avant leur procès. Un couac lié à une mauvaise appréciation de l'administration judiciaire.
C'est donc une erreur administrative qui a conduit leur remise en liberté. Ce lundi 28 août, dans les colonnes de Corse Matin, le procureur général de Bastia dit assumer l’erreur, liée aux délais de renouvellement de la détention provisoire. "Cela n'aura pas d'impact sur la tenue du procès. Ils seront simplement convoqués sous le statut de personne libre", défend à nos confrères, Jean-Jacques Fagni, le procureur général près de la cour d'appel de Bastia.
Les quatre hommes d'origine estonienne avaient été mis en examen pour vols à main armée en bande organisée et association de malfaiteurs. Trois étaient détenus à Borgo, ils ont donc été libérés. Le quatrième, chef présumé du gang, est, lui, détenu en Estonie. S'il a été libéré sous le coup de la loi française dans cette affaire, il reste détenu à l'étranger, pour d'autres faits de braquage.
Tous les quatre sont accusés d’avoir braqué deux bijouteries du boulevard Paoli à Bastia, Vannucci en octobre 2016 et Danesi en mai 2017.
Des braquages violents
Ces attaques à main armée s'étaient déroulées très vite, en quelques minutes à peine. Pour la bijouterie Danesi, trois individus, dont deux au moins avaient le visage dissimulé par une casquette et des lunettes de soleil, avaient réussi à franchir le sas de sécurité de la bijouterie. Deux avaient fracassé les vitrines d'exposition à coup de masse et avaient vidé des tiroirs de leur contenu. Le troisième avait mis en joue le personnel.
Neuf mois avant, la bijouterie Vannucci avait fait l'objet d'une casse, au mode opératoire similaire. Deux individus au visage découvert avaient brisé à la masse les vitrines d'exposition, raflant au passage tous les objets de valeur, avant de prendre la fuite.
Le montant du préjudice était estimé à plusieurs centaines de milliers d'euros. La police judiciaire de Bastia avait été saisie des deux enquêtes.
Les suspects arrêtés à l'étranger
Après une longue enquête mobilisant plusieurs polices européennes, les suspects avaient été arrêtés en 2020 en Estonie et en Finlande. Extradés, trois hommes avaient été placés en détention provisoire à Borgo, le quatrième en Estonie.
Jusqu'à leur procès, qui doit se tenir devant la cour criminelle départementale de Haute-Corse à Bastia fin janvier - début février, les trois hommes seront libres de se déplacer comme ils l'entendent. Le quatrième reste détenu en Estonie et sera présent lors du procès en Assises.
Pour Maître Valérie Vincenti, qui représente Yann Zuccarelli, le directeur de la bijouterie Danesi, cette libération "n'est pas satisfaisante". "Mon client s'est ému d'aprendre par la presse que des braqueurs particulièrement violents, qui ont agi dans plusieurs pays en Europe, puissent être libérés pour une erreur administrative", nous confie l'avocate, qui reste toutefois "rassurée" que le quatrième homme puisse être présent lors du procès.
De leur côté, les trois autres hommes se présenteront-ils devant la cour criminelle afin d'être jugés ? Réponse dans quelques mois.