Tractée par Rikita et Estime, deux chevaux de 14 et 4 ans, une hippomobile sillonne les plages de Calvi (Haute-Corse) pour collecter les poubelles triées de 16 restaurants, un procédé écologique salutaire en Corse, régulièrement touchée par une crise des déchets.
Rikita et Estime travaillent à tour de rôle avec Roméo et Saphir sur les plages de Calvi, explique Erwan Berroche, créateur de la société Terra D'Avvene, à l'origine du projet accepté par la communauté de communes Calvi Balagne (CCCB).
"Est-ce que vous avez déjà vu des gens caresser des camions poubelles? Eh bien nous, ça nous arrive tous les jours", souligne Erwan Berroche, qui a aussi recours à des ânes et mulets pour nettoyer plusieurs plages de la côte orientale de la Corse.
Cet ingénieur spécialisé dans le développement durable estime que les chevaux permettent de "sensibiliser les gens au problème des déchets" et de les impliquer davantage.
Chaque matin entre 05h et 9h30 dans la pinède de Calvi, classée zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff), un meneur d'attelage et deux ripeurs, employés de la CCCB en tenue jaune fluorescente d'éboueur, chargent les différentes poubelles triées sur l'hippomobile.
Tiré par ces chevaux de trait Comtois, à la robe alezane et à la crinière dorée, ce prototype est composé d'un véhicule de tête à l'allure de voiturette de golf et de deux remorques sur lesquelles les poubelles pleines sont chargées.
L'attelage a coûté 25.000 euros hors taxe, un montant couvert à 70% par des aides du ministère de l'Environnement et de l'office de l'environnement de Corse, précise Erwan Berroche.
L'hippomobile effectue une boucle entre les restaurants et un point déchets où l'ensemble des ordures est récupéré par un camion une fois la tournée terminée.
"La traction animale c'est un retour vers le futur. Une collecte en tri sélectif et en porte à porte avec des chevaux se fait à 6,2 km/h contre 4,8-5 km/h en camion", fait-il valoir, assurant que le caractère multi-déchets de son dispositif est "unique en France" et permet de se substituer à "cinq camions".
Pour François-Marie Marchetti, président de la CCCB, l'expérience "est plus que concluante".
Même si elle coûte un peu plus cher que des camions (60.000 euros contre 45.000 euros), elle permet "un impact sur l'environnement moindre" et "montre qu'on peut faire autrement en favorisant le développement durable", a-t-il dit à l'AFP.
Dans la CCCB, le taux de tri des déchets atteint d'ailleurs 40%, presque deux fois plus que la moyenne de l'île.