À Languédias dans les Côtes-d’Armor, les repas de la cantine qui ne sont pas mangés, sont redistribués aux habitants, pour 1 €. Une liste est ouverte en mairie. Une quinzaine d'habitants y sont inscrits.
Depuis la rentrée de septembre, une dizaine de repas a été servie aux habitants de Languédias inscrits sur une liste établie par la mairie, sans conditions de ressources.
C’est un petit truc en plus, c’est presque symbolique. On fait passer un message aux personnes en difficulté, "on vous oublie pas". C'est important la solidarité dans nos communes
Jérémy DauphinMaire de Languédias
L’idée de revendre les surplus de la cantine scolaire vient de la secrétaire de mairie, Cécile Baudry. Elle est arrivée il y a un an à Languédias. Elle a parlé de ce projet aux élus, elle l'avait vu, expérimenté dans une autre commune. Le conseil municipal a adhéré tout de suite et à l’unanimité, selon Jérémy Dauphin. "Languédias est l’une des communes les plus pauvres de Dinan Agglomeration, les personnes qui sont inscrites sur cette liste sont des gens qui touchent des petites retraites et qui vivent avec pas grand-chose", explique-t-il.
Les habitants viennent avec leur contenant
Comment ça marche ? Quand les cantinières s’aperçoivent qu’il y aura une part à redistribuer, elles appellent la secrétaire de mairie, qui est présente, sur l’heure de midi. Cette dernière tente de joindre les habitants sur la liste, à tour de rôle. Les personnes viennent alors avec leur contenant et le repas est servi chaud pour ne pas briser la chaîne du chaud.
À la cantine municipale de Languédias, il y a peu de gaspillage, car les cantinières dosent, au repas près, mais dès qu’il reste des parts, elles sont donc redistribuées. En France, selon l’Inrae, restaurants et cantines jettent 8 kg de déchets alimentaires par an et par habitant. Ce chiffre date de 2021.
Les élus de Languédias ont entamé une réflexion sur les aliments donnés aux enfants, depuis une dizaine d'années. Ils privilégient le bio, le local et la lutte contre le gaspillage. Cette nouvelle initiative vient parfaire leurs actions, selon le maire de la commune.
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D'autres initiatives ?
Certains élus l'ont appelé pour savoir comment il avait mis en place ce dispositif. Il y a un intérêt pour la démarche, mais aussi une grande frilosité, selon lui. "Ils pensent que tout est compliqué, avec les normes, les contrôles, explique Jérémy Dauphin, mais nous avons mis en place ce dispositif de manière très simple".
À Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, les restes d'une cantine sont également redistribués aux habitants. C'est l'école Suzanne-Lacore, où sont servis plus de 450 repas par jour. Les denrées restantes, sont mises dans des bocaux dans un frigo partagé, installé depuis octobre 2023. Ces bocaux sont à disposition des habitants, sans condition de ressources, qui doivent être rapportés après avoir été lavés. À Saint-Jacques-de-la-Lande, c'est gratuit. À Languédias, l'euro demandé est symbolique, selon le maire.
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Selon le ministère de l'agriculture, depuis le 22 octobre 2020, les cuisines centrales ou sur place qui préparent plus de 3000 repas par jour ont l'obligation de proposer une convention de dons à une association habilitée. À Languédias, chaque jour, ils servent entre 65 et 70 repas aux enfants.