Changement climatique en Corse : "il va falloir faire preuve d'inventivité, face à des situations de plus en plus aberrantes"

Ce vendredi 20 octobre, dans le cadre de la journée de la résilience climatique nationale, une série de conférences se tenait à Bastia. L'occasion de faire un point sur une situation préoccupante, alors que les épisodes climatiques violents se répètent en Corse depuis des années.

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"L'actualité au quotidien nous démontre que nous allons vers le pire, et ce pire-là, il faut l'anticiper...", assène Louis Pozzo di Borgo dans les couloirs des locaux de la Collectivité de Corse, à Bastia, où se déroule la journée de la résilience.

Le président de la CAB, et conseiller territorial, sait de quoi il parle : en 2016, Furiani, la commune dont il est élu, a subi des inondations spectaculaires, "traumatisantes pour les habitants et l'économie de la commune".

Et depuis, les événements climatiques d'une grande violence n'ont pas manqué sur l'île, jusqu'à la tempête du 18 août 2022, qui a causé la mort de cinq personnes.

Surprises climatiques

Ce vendredi 20 octobre, les scientifiques qui se sont exprimés à la tribune, à Bastia, n'ont pas dit autre chose.

Ainsi, pour Gilles Piroux, vice-président de l'institut des risques majeurs, "il est de plus en plus important de bien se préparer. On assiste à une évolution des types de risque climatique auxquels on est confrontés. Soit par la fréquence, soit par l'intensité, soit, parfois, par les deux. On a connu par le passé des tempêtes, des pluies intenses, mais on voit que le rythme de ces événements évolue. De surcroît, il est de plus en plus difficile de les prévoir, et c'est le cas en particulier en Méditerranée".

Les élus locaux doivent passer d'un rôle de spectateur à un rôle d'acteur

Louis Pozzo di Borgo

Patrick Lagadec, spécialisé dans la gestion du risque, estime que "beaucoup de questions se posent aujourd'hui. Il y a les phénomènes que l'on connaît, où l'on se doit d'être excellent. Mais les surprises climatiques sont nombreuses. Et là, il va falloir faire preuve d'inventivité, face à des situations de plus en plus aberrantes".

Le chercheur illustre son propos par l'exemple : "A Phoenix, en Arizona, des scientifiques ont fait une projection concernant une possible situation de black-out électrique et de canicule. Il y aurait 800.000 personnes aux Urgences..." Patrick Lagadec marque une pause. "C'est impossible de faire face à une telle situation, en l'état actuel des choses. Notre époque propulse la gestion de crise sur un tout autre terrain".

Penser différemment

"Les élus locaux doivent se positionner clairement, et passer d'un rôle de spectateur à un rôle d'acteur. Nous sommes en première ligne, tant sur le moment, que dans les jours qui suivent la catastrophe climatique. Il faut que l'on se réinvente", abonde Louis Pozzo di Borgo.

"On raisonne aujourd'hui sur des périmètres trop exigus, trop étriqués. Nous devons discuter, entre communes avoisinantes, considérer les spécificités de notre île. Un épisode climatique qui interviendrait sur Furiani priverait Bastia d'accès, par exemple. Il faut donc qu'on élargisse le raisonnement".

Il est indispensable de donner de nouveaux outils aux responsables pour faire face à des événements inédits

Patrick Lagadec

Est-ce suffisant pour être capable de faire face à "l'aberrant", selon le terme qui est revenu, à plusieurs reprises, lors des débats ?

C'est l'une des questions sur lesquelles travaille Patrick Lagadec. "Il faut développer idée d'une réflexion rapide, avec un petit groupe constamment au service du dirigeant, pour lui expliquer la situation, les pièges, les acteurs concernés, et impulser une dynamique positive. Il est indispensable de donner de nouveaux outils aux responsables pour faire face à des événements inédits".

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Louis Pozzo di Borgo, président de la CAB. ©FTV

La question des constructions en secteur à risque

Parmi les questions à aborder de manière différente, il y a, sans surprise, celle de l'urbanisation. "Nous avons besoin de documents pertinents, qui se doivent d'évoluer, en fonction des aléas climatiques auxquels nous faisons face. C'est le sens de l'histoire. Si on ne le fait pas, on continuera d'avoir des constructions en milieu hostile, et les catastrophes qui vont avec", estime Louis Pozzo di Borgo.

Notre époque commande que l'on ait la mémoire, et la culture du risque"

Gilles Piroux

En corollaire, le président de la CAB rappelle "le devoir d'information vis-à-vis de la population. Aujourd'hui, on a des immeubles, des bâtiments qui sont dans des secteurs à risque. Il faut que les gens qui y sont sachent quel réflexe ils devront avoir au moment d'une crue, ou d'un incendie. Préserver les populations, c'est aussi les informer. Nous avons un devoir de vérité".

Gilles Piroux conclut : "notre époque commande que l'on ait la mémoire, et la culture du risque".

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